Larumeur enfle au palais de Buckingham. La reine Elizabeth II pourrait bientÎt quitter les lieux, qui vont faire l'objet d'une rénovation de fond en comble. Le palais serait complÚtement
La couple royale au Congo pour une visite officielle de sept jours. Roi Philippe est arrivĂ© Ă  Kinshasa - Belga PubliĂ© le 7/06/2022 Ă  1730 Temps de lecture 2 min Le roi des Belges Philippe est arrivĂ© mardi aprĂšs-midi Ă  Kinshasa pour sa premiĂšre visite officielle en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo RDC, sur fond de travail de mĂ©moire et de rĂ©conciliation entre la Belgique et son ancienne colonie. Le souverain, son Ă©pouse Mathilde et la dĂ©lĂ©gation gouvernementale qui les accompagne ont Ă©tĂ© accueillis Ă  l’aĂ©roport international de N’Djili, Ă  la pĂ©riphĂ©rie de la capitale, par le prĂ©sident congolais FĂ©lix Tshisekedi et sa femme Denise, a constatĂ© une Ă©quipe de l’AFP. Le roi Philippe et la reine Mathilde avec le PrĂ©sident du Congo et sa First Lady - Belga Cette visite royale, la premiĂšre depuis celle en 2010 d’Albert II, pĂšre de Philippe, a Ă©tĂ© deux fois reportĂ©e, en 2020 Ă  cause de la pandĂ©mie de Covid-19 puis au dĂ©but de cette annĂ©e en raison de la guerre dĂ©clenchĂ©e par la Russie en Ukraine. Le voyage du roi comprendra trois Ă©tapes Kinshasa d’abord, avec notamment une visite mercredi au musĂ©e national et un discours sur l’esplanade de l’AssemblĂ©e nationale; Lubumbashi dans le Sud-Est minier, avec une intervention vendredi devant les Ă©tudiants de l’universitĂ©, et Bukavu, dans l’Est, rĂ©gion en proie depuis prĂšs de trois dĂ©cennies aux violences de groupes armĂ©s. Roi Philippe est arrivĂ© Ă  Kinshasa - Belga Le roi doit visiter dimanche dans un quartier pĂ©riphĂ©rique de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, la clinique du gynĂ©cologue Denis Mukwege, colaurĂ©at du prix Nobel de la paix en 2018 pour son action en faveur des femmes victimes de viols.
Etvoilà le roi et la reine Et voilà la reine et le roi. Imprimer l'activité A lire aussi. 26/11/2018. La Reine des Neiges 2 : on connaßt enfin la date de sortie ! Vidéo - Replay - MÎmes Part en Live - couronne des rois ; Epiphanie : définition; Compter les parts de galette ; Fabriquer une couronne avec une assiette en carton; Melchior et Balthazar; Auteur : La rédaction de

Quiconque voudra savoir les premiers commencements du roi Henri IV, le roi Bourbon remplaçant les Valois sur le trĂŽne des rois de France, aura grand soin de s’enquĂ©rir des destinĂ©es de sa sƓur Catherine, et de sa premiĂšre Ă©pouse, Marguerite. Elles ont chĂšrement payĂ© l’une et l’autre l’honneur d’appartenir de si prĂšs au conquĂ©rant du sien. Heureusement l’histoire de Catherine, une hĂ©roĂŻne, un grand courage, une vertu, n’est plus Ă  faire ; il n’y a pas longtemps que Mme la comtesse d’ArmaillĂ© racontait cette vie austĂšre et charmante Ă  la façon d’un grand Ă©crivain tout rempli de son sujet. Catherine de Navarre, obĂ©issant au roi son frĂšre, a poussĂ© le dĂ©vouement fraternel jusqu’à sa limite extrĂȘme ; oublieuse d’elle-mĂȘme et de sa fortune, elle eĂ»t tout sacrifiĂ© au roi Henri, sa conscience et sa croyance exceptĂ©es. Et lorsque, enfin, par tant de victoires, de conquĂȘtes et d’accidents imprĂ©vus, le roi de Navarre est devenu le roi de France, quand il est le maĂźtre absolu dans Paris, sa grand’ville, au moment oĂč la princesse Catherine, mariĂ©e au duc de Bar, s’est consolĂ©e enfin de n’avoir pas disposĂ© de sa main selon son cƓur, elle meurt, obscure et cachĂ©e, et son frĂšre ingrat s’occupe Ă  peine d’élever un tombeau Ă  cette admirable servante de ses ineffables grandeurs. La princesse Marguerite, la premiĂšre femme du roi de Navarre, offre un contraste complet avec la princesse Catherine. Elle a tout l’orgueil de la maison de Valois ; elle est superbe, intelligente, et pour peu que son Ă©poux le BĂ©arnais eĂ»t voulu tirer un bon parti de cette associĂ©e Ă  sa fortune, il eĂ»t rencontrĂ© prĂšs d’elle une consolation, un bon conseil, une illustre et digne assistance. Mais quoi ! le roi protestant se mĂ©fiait de la catholique maison de Valois ! Jeune homme, il en avait subi trop de violences et trop d’injures pour n’en point faire porter le ressentiment Ă  sa jeune et charmante Ă©pouse. Il ne pouvait guĂšre oublier que son nom Ă©tait inscrit sur la liste rouge de la Saint-BarthĂ©lĂ©my ; ce papier rouge disait qu’il fallait tout d’abord arracher les racines du protestantisme, Ă  savoir le roi de Navarre, le prince de CondĂ©, l’amiral de Coligny. Si donc Charles IX et Catherine de MĂ©dicis effacĂšrent de leur liste fatale le nom de leur gendre et beau-frĂšre, ce fut par une espĂšce de miracle. Ainsi l’on trouverait difficilement dans toute l’histoire un mariage conclu sous de plus tristes auspices. Mal commencĂ©, il a fini par un divorce. Mais, ceci dit, on ne peut s’empĂȘcher d’arrĂȘter un regard clĂ©ment et charmĂ© sur les grĂąces infinies de cette aimable et parfaite beautĂ©, la reine de Navarre, et, chaque fois que nous la rencontrons dans les sentiers de l’histoire, volontiers nous contemplons cette Ă©loquente et belle princesse, ornement de la brillante cour oĂč fut Ă©levĂ©e la reine d’Écosse, Marie Stuart, et qui se ressentait encore des beaux-arts, de la poĂ©sie et des splendeurs du rĂšgne de François Ier. En traversant Paris, le vainqueur de LĂ©pante, don Juan d’Autriche, s’étant introduit au Louvre, en plein bal, et voyant passer la reine de Navarre au bras de son frĂšre le roi de France — On a tort, disait don Juan, de l’appeler une reine, elle est dĂ©esse, et trop heureux serait le soldat qui mourrait sous sa banniĂšre, pour la servir ! — Qui n’a pas vu la reine de Navarre, celui-lĂ  n’a pas vu le Louvre ! s’écriait le prince de Salerne. Et les ambassadeurs polonais, quand la jeune reine les eut haranguĂ©s, dans ce beau latin qu’elle parlait si bien, Ă  la grande honte de tous ces gentilshommes français qui ne savaient pas un seul mot de latin, en leur qualitĂ© de nobles — Nous nous sommes trompĂ©s, disaient-ils, c’est bien cette belle tĂȘte-lĂ  qui Ă©tait faite pour porter notre couronne ! Elle Ă©tait l’enchantement du Louvre et l’honneur de ses fĂȘtes ; quand elle s’en fut en Navarre, au royaume de son mari, elle Ă©clipsa soudain la princesse Catherine, et ce peuple, assez pauvre et vivant de peu, ne pouvait se lasser de contempler les magnificences de sa reine, en robe de toile d’argent, aux manches pendantes, et si richement coiffĂ©e avec des diamants et des perles, qu’on l’eĂ»t prise pour la reine du ciel. Elle inventait les modes que portaient toutes les reines de l’Europe ; elle portait des robes en velours incarnat d’Espagne et des bonnets tout fins ornĂ©s de pierreries, et c’était une fĂȘte de la voir, ornĂ©e de ses cheveux naturels, avec ses belles Ă©paules, son beau visage blanc, d’une blanche sĂ©rĂ©nitĂ©, la taille haute et superbe, et portant sans fatigue et sans peine le plus beau drap d’or frisĂ© et brodĂ©, d’une grĂące altiĂšre et douce Ă  l a fois. » Quand elle passait dans les villes, les plus grands de la citĂ© se pressaient autour d’elle pour entendre parler sa bouche d’or ; Ă  chaque harangue, elle rĂ©pondait par une parole improvisĂ©e, et chacun restait charmĂ© de sa courtoisie. Mais le Louvre Ă©tait sa vraie patrie, et, dans les premiers jours de son mariage, il n’y avait pas de plus beau spectacle que de voir le jeune roi de Navarre donnant le signal de la fĂȘte et dansant la Pavanne d’Espagne, danse oĂč la belle grĂące et majestĂ© sont une belle reprĂ©sentation ; mais les yeux de toute la salle ne se pouvoient saouler, ny assez se ravir par une si agrĂ©able veue ; car les passages y estoient si bien dansez, les pas si sagement conduits, et les arrests faits de si belle sorte, qu’on ne sçauroit que plus admirer, ou la belle façon de danser, ou la majestĂ© de s’arrester, reprĂ©senter maintenant une gayetĂ©, et maintenant un beau et grave desdain car il n’y a nul qui ne les ait veus en cette danse, que ne die ne l’avoir veue danser jamais si bien, et de si belle grace et majestĂ© qu’à ce roy frĂšre, et qu’à cette reyne sƓur ; et quant Ă  moy, je suis de telle opinion, et si l’ay veue danser aux reynes d’Espagne et d’Ecosse. » Qui parle ainsi ? BrantĂŽme, un homme d’armes ami des grands capitaines. On peut l’en croire, quand il parle des dames de la cour de France ! Il les connaĂźt bien, il les montre Ă  merveille ; il applaudit Ă  leur faveur ; il ne se gĂȘne point pour pleurer sur leurs disgrĂąces. A cĂŽtĂ© de BrantĂŽme il y avait, pour cĂ©lĂ©brer la reine de Navarre, un poĂšte, un grand poĂšte appelĂ© Ronsard, l’ami de Joachim Dubellay. Le grand Ronsard, comme on disait sous le rĂšgne de Henri IV ! Et quand Ronsard et BrantĂŽme, Ă©clairĂ©s des mĂȘmes beautĂ©s, se rencontraient, ils cĂ©lĂ©braient Ă  l’envi Madame Marguerite Il fault aller contenter L’oreille de Marguerite, Et dans son palais chanter Quel honneur elle mĂ©rite. Et c’était, du poĂšte au capitaine, Ă  qui mieux mieux chanterait la dame souveraine. Aux vers de Ronsard applaudissaient tous les beaux esprits et tous les grands seigneurs de son temps le cardinal de Lorraine, le duc d’Enghien, le seigneur de Carnavalet, Guy de Chabot, seigneur de Jarnac. Pendant vingt ans, sur la guitare et sur le luth, les jeunes gens, les pages, les demoiselles, le marchand dans sa boutique et le magistrat dans sa maison ont chantĂ© la chanson de Marguerite En mon cƓur n’est point Ă©crite La rose, ny autre fleur, C’est toi, belle Margarite, Par qui j’ai cette couleur. N’es-tu pas celle dont les yeus Ont surpris Par un regard gracieus Mes esprits ? II. Cette aimable reine, habile autant que femme du monde, et bien digne d’avoir partagĂ© la nourriture et l’éducation de la reine d’Écosse et de la reine d’Espagne, Elisabeth de Valois, la seconde femme de Philippe II, avait Ă©crit, dans les heures sombres de sa vie, au moment oĂč la plus belle enfin se rend justice, un cahier contenant les souvenirs de sa jeunesse. Il n’y a rien de plus rare et de plus charmant que ces mĂ©moires parmi les livres sincĂšres sortis de la main d’une femme. Le style en est trĂšs vif, l’accent en est trĂšs vrai. Le premier souvenir de la jeune princesse est d’avoir accompagnĂ© Ă  Bayonne sa sƓur, la reine d’Espagne, que la reine mĂšre et le roi Charles IX conduisaient par la main au terrible Philippe II. La princesse Marguerite Ă©tait encore une enfant, mais elle se rappelle en ses moindres dĂ©tails le festin des fiançailles. Dans un grand prĂ© entourĂ© d’une haute futaie, une douzaine de tables Ă©taient servies par des bergĂšres habillĂ©es de toile d’or et de satin, selon les habits divers de toutes les provinces de France. Elles arrivaient de Bayonne sur de grands bateaux, accompagnĂ©es de la musique des dieux marins, et, chaque troupe Ă©tant Ă  sa place, les Poitevines dansĂšrent avec la cornemuse, les Provençales avec les cymbales, les Bourguignonnes et les Champenoises dansĂšrent avec accompagnement de hautbois, de violes et de tambourins ; les Bretonnes dansaient les passe-pied et les branles de leur province. D’abord tout alla le mieux du monde ; une grande pluie arrĂȘta soudain toute la fĂȘte. Au retour de ce beau voyage, la jeune princesse Marguerite s’en fut rejoindre au Plessis-les-Tours la ville favorite du roi Louis XI son frĂšre le duc d’Anjou, qui dĂ©jĂ , Ă  seize ans, avait gagnĂ© deux batailles. Il Ă©tait, Ă©videmment, le favori de la reine mĂšre et dĂ©jĂ  trĂšs ambitieux. Il choisit pour confidente sa sƓur Marguerite Oui-da, lui dit-elle, et comptez, Monsieur mon frĂšre, que moy estant auprĂšs de la royne ma mĂšre, vous y serez vous-mesme et que je n’y serai que pour vous ! » Ainsi, dĂ©jĂ  si jeune, elle entrait, par la faveur de la reine mĂšre et par la confiance de son frĂšre, dans les secrets de l’État. BientĂŽt les ambassadeurs se prĂ©sentĂšrent pour solliciter la main de la jeune princesse. Il en vint de la part de M. de Guise, il en vint au nom du roi de Portugal, enfin le nom du prince de Navarre fut prononcĂ©. Ce dernier mariage Ă©tait dans les volontĂ©s de Catherine de MĂ©dicis. La veille de ce grand jour, le roi de Navarre avait perdu la reine sa mĂšre, il en portait le deuil, et il vint au Louvre, accompagnĂ© de huit cents gentilshommes, vĂȘtus de noir, demander au roi de France la main de sa sƓur Marguerite. Ils furent fiancĂ©s ce mĂȘme soir, et, huit jours aprĂšs, ces BĂ©arnais, vĂȘtus de leurs plus riches habits, menĂšrent Ă  l’autel de Notre-Dame de Paris la jeune reine, habillĂ©e Ă  la royale, toute brillante des pierreries de la couronne, et le grand manteau bleu, Ă  quatre aunes de queue, portĂ© par trois princesses. Toute la ville Ă©tait en fĂȘte et se tenait sur des Ă©chafauds dressĂ©s de l’évĂȘchĂ© Ă  Notre-Dame, et parĂ©s de drap d’or. A la porte de l’église, le cardinal de Bourbon c’est ce mĂȘme cardinal de Bourbon que la Ligue a fait roi un instant sous le nom de Charles X attendait les deux Ă©poux. Qui l’eĂ»t dit cependant que tant de joie et de magnificences allaient aboutir, en si peu d’heures, au crime abominable de la Saint-BarthĂ©lĂ©my ? Les protestants Ă©taient devenus le grand souci de la reine Catherine de MĂ©dicis et du roi Charles IX ; ils Ă©taient nombreux, hardis, bien commandĂ©s, hostiles aux catholiques, et leur perte, en un clin d’oeil, fut dĂ©cidĂ©e. Honte Ă  jamais sur cette nuit fatale, oĂč le bruit du tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois, les plaintes des mourants, le sang des morts, les cris des Ă©gorgeurs remplirent la ville et le Louvre des rois de dĂ©sordre et de confusion ! Tout fut cruautĂ©, perfidie, embĂ»ches impitoyables ! La jeune reine, ignorante de ces trames dans lesquelles devaient tomber les amis, les partisans, les compagnons du roi de Navarre son mari, apprit seulement par le bruit du tocsin ces meurtres et ces vengeances qui la touchaient de si prĂšs. Elle avait passĂ© sa soirĂ©e Ă  causer de choses indiffĂ©rentes avec la reine mĂšre et le roi, bourreau de son peuple, sans rencontrer dans leur regard un avertissement, une pitiĂ©. Or, quand la reine mĂšre, au moment oĂč l’heure fatale allait sonner, commandait Ă  sa fille qu’elle eĂ»t Ă  rejoindre son mari dans sa chambre... Ă©videmment elle l’envoyait Ă  la mort. — N’y allez pas, ma sƓur, lui disait sa plus jeune sƓur, ou vous ĂȘtes perdue ! — Il le faut, rĂ©pondit la reine mĂšre ; allez, ma fille. Et moi, je m’en allay, toute transie et esperdue, sans me pouvoir imaginer ce que j’avois Ă  cr aindre. » Ah ! quel drame, et comment Ă©tait faite l’ñme de Catherine de MĂ©dicis ! A peine endormis, dans une sĂ©curitĂ© profonde, les jeunes Ă©poux entendent frapper Ă  leur porte avec ces cris Navarre ! Navarre ! » Un malheureux gentilhomme du BĂ©arn qui avait suivi le roi Ă  Paris, M. de TĂ©gean, percĂ© d’un coup de hallebarde le massacre Ă©tait commencĂ©, et poursuivi par les assassins qui le voulaient achever, enfonçait la porte de la chambre ; et comme le roi de Navarre s’était levĂ© au premier bruit du tocsin, pour s’informer des pĂ©rils qu’il pressentait, le malheureux gentilhomme, entourant la jeune reine de ses bras suppliants GrĂące et misĂ©ricorde ! ĂŽ Madame, protĂ©gez-moi ! » disait-il. Les meurtriers, sans respect pour la sƓur du roi catholique, achevĂšrent leur horrible tĂąche sous les yeux de Marguerite Ă©perdue, et le sang de M. de TĂ©gean souilla le lit royal. Croirait-on, cependant, que cette horrible nuit de la Saint-BarthĂ©lemy, la reine Marguerite la raconte, en ses mĂ©moires, avec aussi peu de souci que le dernier bal donnĂ© par le roi son frĂšre ! Ces grands crimes ont cela de particuliĂšrement abominable il faut ĂȘtre Ă  certaine distance pour en percevoir toute l’étendue, et pourtant, quelle que soit la concision de l’écrivain de ses propres MĂ©moires, la suite des Ă©vĂ©nements arrive, inĂ©vitable, et parfois d’autant plus pressante que l’historien aura mis moins de temps Ă  la prĂ©parer. Dans les premiers jours qui suivirent le terrible massacre, Henri de Navarre eut grand’peine Ă  sauvegarder sa propre vie. Il Ă©tait pour son beau-frĂšre un sujet d’inquiĂ©tude, un objet de haine pour sa belle-mĂšre. Ils se demandaient l’un l’autre, en toutes ces confusions, pourquoi ils avaient Ă©pargnĂ© le vĂ©ritable chef des protestants ? de quel droit ils le laissaient vivre ? Ils comprenaient qu’avant peu l’intrĂ©pide et vaillant capitaine Henri de Navarre deviendrait le vengeur de ses coreligionnaires, et leur pressentiment ne les trompait pas. Sur l’entrefaite, le roi Charles IX, tout couvert du sang de ses sujets, fut saisi, soudain, d’une maladie, incomparable et sans remĂšde. Il se mourait lentement, sous l’épouvante et le remords. Pas un moment de trĂȘve Ă  sa peine et pas un instant de sommeil, son Ăąme, Ă  la torture, Ă©tant aussi malade que son corps. En toute hĂąte, la reine Catherine de MĂ©dicis rappela son troisiĂšme fils, le duc d’Anjou, qui Ă©tait allĂ© en Pologne chercher une couronne Ă©phĂ©mĂšre. Et cependant, chaque jour ajoutait aux tortures du roi Charles IX. Il Ă©tait seul, en proie aux plus sombres pressentiments, cherchant Ă  comprendre, et ne comprenant pas que c’était le remords qui le tuait. Il meurt enfin, chargĂ© de l’exĂ©cration de tout un peuple, et le roi de Pologne accourt en toute hĂąte, Ă  la façon d’un criminel qui se sauve de sa geĂŽle. Il fut reçu Ă  bras ouverts par la reine mĂšre et par la jeune reine de Navarre, qui vint au-devant de lui, dans son carrosse dorĂ©, garni de velours jaune et d’un galon d’argent. Alors, les fĂȘtes recommencĂšrent ; on n’eĂ»t pas dit que la guerre civile Ă©tait au beau milieu de ce triste royaume. Le roi et les dames acceptaient toutes les invitations des chĂąteaux, des monastĂšres et mĂȘme des banquiers d’Italie. On allait, en grand appareil, par la Bourgogne et la Champagne, jusqu’à Reims, et, durant ces longs voyages, les plus beaux gentilshommes s’empressaient autour de la jeune reine, le roi de Navarre Ă©tant surveillĂ© de trĂšs prĂšs, sans crĂ©dit, sans autoritĂ©, et portant pĂ©niblement le joug de la reine mĂšre et les mĂ©pris du nouveau roi. ===III.=== La reine Marguerite a trĂšs bien racontĂ© comment le roi de Navarre a fini par Ă©chapper Ă  ses persĂ©cuteurs. Nous l’avons dit Il n’était pas sans crainte pour sa vie. Un soir, peu avant le souper du roi, le roi de Navarre, changeant de manteau, s’enveloppa dans une espĂšce de capuchon, et franchit les guichets du Louvre sans ĂȘtre reconnu. Il s’en fut Ă  pied jusqu’à la porte Saint-HonorĂ©, oĂč l’attendait un carrosse qui le conduisit jusqu’aux remparts. LĂ , il monta Ă  cheval, et, suivi de plusieurs des siens, le voilĂ  parti. Ce ne fut que sur les neuf heures, aprĂšs leur souper, que le roi et la reine s’avisĂšrent de son absence et le firent chercher par toutes les chambres. Évidemment, il n’était pas au Louvre ; on le cherche dans la ville, il n’était plus dans la ville. A la fin, le roi s’inquiĂšte et se fĂąche, et commande Ă  tous les princes et seigneurs de sa maison de monter Ă  cheval, et de ramener Henri de Navarre mort ou vif. Sur quoi, plusieurs de ces princes et seigneurs rĂ©pondent au roi que la commission Ă©tait dure, et quelques-uns, ayant fait mine de le chercher, s’en revinrent au point du jour. VoilĂ  la reine Marguerite en grand’peine de cet Ă©poux qui ne l’avait point avertie ; elle pleure et se lamente, et le roi son frĂšre menace de lui donner des gardes. Par vengeance, il rĂ©solut d’envoyer des hommes d’armes dans le chĂąteau de Torigny, avec l’ordre de s’emparer de la dame de Torigny, l’amie et la cousine de la reine Marguerite, et de la jeter dans la riviĂšre. Ces mĂ©crĂ©ants, sans autre forme de procĂšs, s’emparent du chĂąteau Ă  minuit. Ils mettent le manoir au pillage, et quand ils se sont bien gorgĂ©s de viande et de vins, ils lient cette misĂ©rable dame sur un cheval pour la jeter Ă  la riviĂšre... Deux cavaliers, amis de la reine Marguerite, passaient par lĂ  Ă  la mĂȘme heure, et voyant le traitement que subissait la dame de Torigny, ils la dĂ©livrent et la mĂšnent au roi de Navarre. A cette nouvelle, la colĂšre de la reine mĂšre et de son digne fils ne connaĂźt plus de bornes ; ils veulent que la reine Marguerite leur serve au moins d’otage, et la voilĂ  prisonniĂšre et seule, et pas un ami qui la console. Il y en eut un, cependant, ami dĂ©vouĂ© de la mauvaise fortune, un vrai chevalier, M. de Crillon, qui s’en vint, chaque jour, visiter la captive, et pas un des gardiens n’osa refuser le passage Ă  ce brave homme. Cependant le roi de Navarre avait regagnĂ© son royaume ; il attirait Ă  sa bonne mine, Ă  sa juste cause, un grand nombre de gentilshommes. Il retrouvait son petit trĂ©sor trĂšs grossi par l’épargne de sa sƓur Catherine ; et, comme chacun lui reprĂ©sentait qu’il eĂ»t bien fait d’amener avec lui la reine Marguerite, il lui Ă©crivit une belle lettre, dans laquelle il la rappelait de toutes ses forces, remettant sa cause entre ses mains, et dĂ©plorant sa captivitĂ©. Henri III s’obstinait ; mais la reine mĂšre eut compris bien vite que l’injustice dont elle accablait sa propre fille Ă©tait une grande faute. Elle m’envoya quĂ©rir, voua dira Marguerite en ses MĂ©moires, qu’elle avoit disposĂ© les choses d’une façon pacifique, et que si je faisais un bon accord entre le roi et le roi de Navarre, je la dĂ©livrerais d’un mortel ennui qui la possĂ©dait. A ces causes, elle me priait que l’injure que j’avois reçue ne me fit dĂ©sirer plutĂŽt la vengeance que la paix ; que le roi en Ă©toit marry, qu’elle l’en avait vu pleurer, et qu’ il me feroit telle satisfaction que j’en resterois contente. » Au mĂȘme instant, Henri III frappait Ă  la porte de la jeune reine, et lui demandait pardon, avec une infinitĂ© de belles paroles. Elle rĂ©pondit Ă  son frĂšre qu’elle avait dĂ©jĂ  oubliĂ© toutes ses peines, et qu’elle le remerciait de l’avoir plongĂ©e en cette solitude, oĂč elle avait compris les vanitĂ©s de la fortune. Cependant, quand elle demanda la permission d’aller rejoindre, en Navarre, le mari qui la rappelait, elle n’obtint que des refus, la reine et le roi lui remontrant que le roi de Navarre avait abjurĂ© la religion catholique, qu’il Ă©tait redevenu huguenot, et qu’il Ă©tait plus menaçant que jamais. C’était l’heure oĂč s’ouvraient les Ă©tats de Blois, oĂč les catholiques organisaient la suinte Ligue, oĂč le royaume Ă©tait en feu, oĂč plus que jamais les huguenots Ă©taient suspects. La guerre civile approchait ; on l’entendait venir de toutes parts, et plus les huguenots Ă©taient menacĂ©s, plus la reine de Navarre sollicitait la permission de rejoindre son mari. Ce fut le plus beau moment de sa vie, Ă  vrai dire ; elle Ă©tait Ă©loquente en raison de tant de menaces et de pĂ©rils Non, non, disait le roi de France, vous n’irez pas rejoindre un huguenot. J’ai rĂ©solu d’exterminer cette misĂ©rable religion qui nous fait tant de mal, et vous, qui ĂȘtes catholique et fille de France, je n’irai pas vous exposer aux vengeances de ces traĂźtres. » Plus il parlait, plus il menaçait, plus le danger Ă©tait grand d’une fuite Ă  travers la France, et plus la jeune reine Ă©tait rĂ©solue Ă  ne pas demeurer dans une cour oĂč le nom de son mari Ă©tait chargĂ© de tant de malĂ©dictions. Mais que faire et que devenir ? Comment Ă©chapper Ă  cette surveillance de tous les jours ? La jeune reine imagina de se faire commander, par les mĂ©decins, une saison aux eaux de Spa, et le roi, cette fois, consentit au dĂ©part de sa sƓur, par une arriĂšre-pensĂ©e qu’il avait d’ĂȘtre agrĂ©able aux Flamands et de reprendre en temps opportun les Flandres au roi d’Espagne. A cette ouverture, Henri de France fut Ă©bloui, et s’écria soudain O reine, ne cherchez plus ; il faut que vous alliez aux eaux de Spa. Vous direz que les mĂ©decins vous les ont ordonnĂ©es, qu’à cette heure la saison est propice, et que je vous ai commandĂ© d’y aller. Bien plus, la princesse de la Roche-sur-Yon m’a promis de vous accompagner. » VoilĂ  comment ce bon sire fut dupe de son ambition d’avoir les Flandres. La reine mĂšre, de son cĂŽtĂ©, ne vit, tout d’abord, que l’avantage de cette grande conquĂȘte et, sans soupçonner Ă  sa fille une arriĂšre-pensĂ©e, elle consentit Ă  son dĂ©part. Comme elle avait toujours en sa rĂ©serve politique un projet cachĂ©, elle fit prĂ©venir, par un courrier, le gouverneur des Flandres pour le roi d’Espagne, en demandant les passeports nĂ©cessaires pour ce long voyage. Or, le gouverneur des Flandres n’était rien moins que ce cĂ©lĂšbre, ce fameux don Juan d’Autriche, vainqueur Ă  LĂ©pante, et qui comptait parmi ses soldats ce vaillant et divin gĂ©nie appelĂ© Michel Cervantes. La reine mĂšre, en ce moment, se rappelait l’éblouissement de don Juan d’Autriche Ă  l’aspect de sa fille Marguerite, et comme, en plein Louvre, il l’avait comparĂ©e aux Ă©toiles, avec une ardeur toute castillane Allez, ma fille, et songez aux intĂ©rĂȘts de la France ! » disait la reine mĂšre, et dĂ©jĂ , dans sa pensĂ©e, elle voyait don Juan d’Autriche offrir Ă  la belle voyageuse au moins les domaines de l’évĂȘque de LiĂšge, dans lesquels murmuraient doucement ces belles eaux de Spa, salutaires fontaines encore inconnues, rĂ©servĂ©es Ă  une si grande cĂ©lĂ©britĂ©. Ainsi, pendant que la reine mĂšre et le roi s’en allaient Ă  Poitiers chercher l’armĂ©e de M. de Mayenne, afin de la conduire en Gascogne contre le roi de Navarre et les huguenots, la reine Marguerite allait, Ă  petites journĂ©es, dans ces Flandres qu’elle ne songeait guĂšre Ă  conquĂ©rir. Elle Ă©tait accompagnĂ©e en ce beau voyage de Mme princesse de la Roche-sur-Yon, de Mme de Tournon, sa dame d’honneur, de Mme de Mouy de Picardie, de Mme de Castelaine de Millon, de Mlle d’Atrie, de Mlle de Tournon, et de sept ou huit autres demoiselles des meilleures maisons. A cette suite royale s’étaient rĂ©unis M. le cardinal de Senoncourt, M. l’évĂȘque de Langres, M. de Mouy, enfin toute la maison de la reine, Ă  savoir le majordome et le premier maĂźtre d’hĂŽtel, les pages, les Ă©cuyers et les gentilshommes. La compagnie Ă©tait jeune, Ă©lĂ©gante ; elle faisait peu de chemin en un jour ; elle fut la bienvenue, et trouva toutes sortes de louanges sur son passage J’allois en une littiĂšre faite Ă  piliers doublez velours incarnadin d’Espagne en broderie d’or et de soye nuĂ©e Ă  devise. Cette littiĂšre Ă©toit toute titrĂ©e et les vitres toutes faites Ă  devise ; y ayant, ou Ă  la doublure ou aux vitres, quarante devises toutes diffĂ©rentes, avec les mots en espagnol, en italien, sur le soleil et ses effets ; laquelle Ă©toit suivie de la littiĂšre de Mme de la Roche-sur-Yon et de celle de Mme de Tournon, ma dame d’honneur, et de dix filles Ă  cheval avec leur gouvernante, et de six carrioles ou chariots, oĂč alloit le reste des dames et femmes d’elle et de moy. » Écoutez la belle voyageuse ; elle vous dira que tout cet appareil Ă©tait fait uniquement pour augmenter le respect des peuples et l’admiration de l’étranger. Cependant, les villes sur la chemin du cortĂšge avaient grand’peine Ă  donner une hospitalitĂ© convenable Ă  tant de princes, de princesses ou de seigneurs. Les campagnes Ă©taient ruinĂ©es de fond en comble, et le paysan, dans ses champs dĂ©vastĂ©s, voyant passer tant de splendeurs inutiles, se demandait s’il n’était pas le jouet d’un rĂȘve. ArrivĂ©e Ă  la frontiĂšre du CambrĂ©sis, la princesse errante trouva un gentilhomme que lui envoyait l’évĂȘque de Cambrai. Ce gentilhomme annonça que son maĂźtre allait venir, et l’évĂȘque, en effet, se montra, lui et sa suite, vĂȘtus comme des Flamands, et beaucoup plus Espagnols que Français. Que dis-je ? Ils se vantaient d’ĂȘtre les amis et les envoyĂ©s de ce mĂȘme don Juan d’Autriche, un des grands admirateurs de la princesse, avant qu’elle ne fĂ»t reine de Navarre. Du milieu des fĂȘtes du Louvre, et de tant d’intrigues de la cour des Valois, don Juan n’avait rapportĂ© que l’image et le souvenir de la reine Marguerite. A la nouvelle de son voyage, il Ă©tait accouru au-devant de la princesse, et il vint l’attendre aux portes de Cambrai, une grande citĂ© fortifiĂ©e, et des plus belles de la chrĂ©tientĂ© par sa citadelle et par ses Ă©glises. Il y eut, le mĂȘme soir de cette entrĂ©e, une grande fĂȘte au palais Ă©piscopal, un festin suivi d’un grand bal, le bal suivi d’une collation de confitures. La jeune reine eut, ce mĂȘme soir, pour la conduire, le gouverneur du chĂąteau fort. En ce temps-lĂ , Cambrai appartenait encore Ă  l’Espagne, et s’il n’eĂ»t fallu qu’un sourire, une bonne parole, pour s’emparer de ce dernier rempart de l’Espagne et donner Ă  la France une si belle citĂ©, Marguerite eĂ»t fait volontiers ce grand sacrifice. Au moins, si elle ne prit pas la ville, elle eut le grand talent de savoir comment on la pouvait prendre. Elle s’inquiĂ©ta de ses dĂ©fenses ; elle voulut connaĂźtre le nombre et la profondeur des fossĂ©s ; comment la citadelle Ă©tait gardĂ©e, et quels en Ă©taient les cĂŽtĂ©s vulnĂ©rables. A toutes ces questions, faites avec un art digne de la meilleure Ă©lĂšve de Catherine de MĂ©dicis, le gouverneur de Cambrai, qui voulait ĂȘtre agrĂ©able Ă  tout prix, eut la condescendance de rĂ©pondre. Il fit plus, il accepta la proposition que lui fit la jeune reine de l’accompagner jusqu’à Namur, et dans ce voyage, qui ne dura pas moins de douze jours, elle abattit le peu de rĂ©sistance et d’orgueil qui restaient dans l’esprit du gouverneur. Malheureusement, don Juan veillait sur toute chose. Il n’eut rien refusĂ© Ă  la belle voyageuse, mais il n’était pas homme Ă  lui donner un pouce de terrain dans les terres qui appartenaient Ă  l’Espagne. Et cependant, toutes ces villes flamandes luttaient de courtoisie. Elles Ă©taient beaucoup plus riches que les villes françaises, et d’une hospitalitĂ© vraiment royale. A Valenciennes, Marguerite admira les belles places, les belles Ă©glises, les fontaines d’eau jaillissante ; elle et sa suite furent frappĂ©es d’étonnement au carillon harmonieux de toutes ces belles horloges, dont chacune exhalait son cantique dans les airs doucement rĂ©jouis. Ces Flandres ont de tout temps excellĂ© dans ces rĂ©crĂ©ations Ă  l’usage d’une ville entiĂšre. Elles aimaient la parade publique, les jardins, les musĂ©es, la fĂȘte Ă  laquelle chacun prend sa part. Elles aimaient la justice et la gaietĂ© ; elles exĂ©craient l’Espagne et les Espagnols. Le nom de Philippe II et celui du digne exĂ©cuteur de ses terribles volontĂ©s, le duc d’Albe, retentissaient dans les cƓurs flamands comme un remords. Ils pleuraient le comte d’Egmont, dĂ©capitĂ© avec le comte de Horn, comme s’ils eussent Ă©tĂ© participants Ă  son meurtre. De ces cruels souvenirs leurs fĂȘtes Ă©taient tr oublĂ©es ; mais sitĂŽt qu’ils possĂ©dĂšrent la reine Marguerite, ces pays maltraitĂ©s oubliĂšrent, pour un instant, leur cruel ressentiment. Ce fut Ă  qui serait le plus hospitalier pour la princesse, et les plus belles Flamandes, familiĂšres et joyeuses c’est leur naturel, accoururent au-devant de l’étrangĂšre avec tant de grĂące et d’honnĂȘtetĂ©, qu’elles la retinrent pendant huit jours. L’une d’elles, la principale de la ville, nourrissait son enfant de son lait, et comme elle Ă©tait assise Ă  table Ă  cĂŽtĂ© de Marguerite, la princesse admira tout Ă  son aise la belle Flamande et le costume qu’elle portait Elle Ă©toit parĂ©e Ă  ravir et couverte de pierreries et de broderies, avec une rabille Ă  l’espagnole de toile d’or noire, avec des bandes de broderie de canetille d’or et d’argent, et un pourpoint de toile d’argent blanche en broderie d’or, avec de gros boutons de diamants habit appropriĂ© Ă  l’office de nourrice. » Ainsi faite, elle Ă©tait Ă©blouissante ; mais Ă©coutez la suite et le couronnement du festin. Quand on fut au dessert, la jeune mĂšre eut souci de son nourrisson et fit signe qu’on le lui apportĂąt. On lui apporta l’enfant, emmaillotĂ© aussi richement qu’estoit vestuĂ« la nourrice. Elle le mit entre nous deux sur la table, et librement donna Ă  teter Ă  son petit. Ce qui eust Ă©tĂ© tenu Ă  incivilitĂ© Ă  quelqu’autre ; mais elle le faisoit avec tant de grĂące et de naĂŻvetĂ©, comme toutes ses actions en Ă©toient accompagnĂ©es, qu’elle en reçut autant de louanges que la compagnie de plaisir. » Si vous aimez les tableaux flamands, en voilĂ  un tracĂ© de main de maĂźtre, avec une extrĂȘme Ă©lĂ©gance, et c’est grand dommage que dans ces Flandres, fĂ©condes en grands artistes, pas un n’ait songĂ© Ă  reproduire sur une toile intelligente un si charmant spectacle. Or, la reine Marguerite, ayant domptĂ© le gouverneur de Cambrai, vint facilement Ă  bout des dames de Mans — Comment donc, leur dit-elle, ne pas vous aimer, vous trouvant toutes françaises ? — HĂ©las ! rĂ©pondaient ces dames, nous Ă©tions Françaises autrefois ! Nous savons la France aussi bien que les Français ; nous la regrettons, nous la pleurons, mais les Espagnols sont les plus forts. Dites cela, Madame, Ă  votre frĂšre le roi de France, afin qu’il nous vienne en aide, et dites-lui que s’il fait un pas, nous en ferons deux, tant nous sommes disposĂ©s Ă  reconnaĂźtre, Ă  saluer sa couronne. Ainsi ces dames parlaient sans crainte, et conspiraient franchement, sans perdre une sarabande, une chanson. Le lendemain, Marguerite, avant son dĂ©part, s’en fut visiter un bĂ©guinage, qui est une espĂšce de couvent, composĂ© de quantitĂ© de petites maisons dans lesquelles sont Ă©levĂ©es de jeunes demoiselles par des religieuses savantes. Elles portent le voile jusqu’à vĂȘpres, et, sitĂŽt les vĂȘpres dites, elles se parent de leurs plus beaux atours, et s’en vont dans le plus grand monde, oĂč elles trouvent trĂšs bien leur place. A la fin il fallut se quitter, et Marguerite, pour reconnaĂźtre une hospitalitĂ© si libĂ©rale, distribua toutes sortes de prĂ©sents Ă  ces dames qui l’avaient si bien reçue tant de chaĂźnes, de colliers, de bracelets, de pierreries, si bien qu’elle fut reconduite jusqu’à mi-chemin de Namur, oĂč commandait un des plus vieux courtisans de la cour de Philippe II. Sur les confins de Namur, reparut don Juan d’Autriche, accompagnĂ© des seigneurs les plus qualifiĂ©s de la cour d’Espagne et d’une grande suite d’officiers et gentilshommes de sa maison, parmi lesquels Ă©tait un Ludovic de Gonzague, parent du duc de Mantoue. Il mit pied Ă  terre pour saluer l’illustre voyageuse, et quand la cortĂšge reprit sa marche, il accompagna la litiĂšre royale Ă  cheval. Toute la ville de Namur Ă©tait illuminĂ©e ; il n’était pas une fenĂȘtre oĂč les belles Françaises ne pussent lire une devise Ă  la louange de leur reine. Un palais vĂ©ritable Ă©tait prĂ©parĂ© pour la recevoir, et le moindre appartement Ă©tait tendu des plus riches tapisseries de velours, de satin, ou de toile d’argent couverte de broderies, sur lesquelles Ă©taient reprĂ©sentĂ©s des personnages vĂȘtus Ă  l’antique. Si bien que l’on eĂ»t dit que ces merveilles appartenaient Ă  quelque grand roi, et non pas Ă  quelque jeune prince Ă  marier, tel que don Juan d’Autriche. Et notez bien que la plus riche magnificence avait Ă©tĂ© rĂ©servĂ©e pour la tenture de la chambre Ă  coucher de la reine. On y voyait reprĂ©sentĂ©e admirablement la Victoire de LĂ©pante, honneur de don Juan. AprĂšs une bonne nuit, oĂč les enchantements de ce voyage apparaissaient en rĂȘve, la reine se leva et, sa toilette Ă©tant faite, elle s’en fut ouĂŻr une messe en musique Ă  l’espagnole, avec violons, violes de basse et trompettes. AprĂšs la messe, il y eut un grand festin ; Marguerite et don Juan Ă©taient assis Ă  une table Ă  part. Toute l’assemblĂ©e en habits magnifiques ; dames et seigneurs dĂźnaient Ă  des tables sĂ©parĂ©es de la table royale, et l’on vit ce mĂȘme Ludovic de Gonzague Ă  genoux aux pieds de don Juan et lui servant Ă  boire. Ah ! tels Ă©taient l’orgueil et le faste de ces princes espagnols, que mĂȘme les princes illĂ©gitimes Ă©taient traitĂ©s comme des rois. Ainsi, deux journĂ©es se passĂšrent dans les fĂȘtes de la nuit et du jour, pendant que l’on prĂ©parait les bateaux qui, par la douce riviĂšre de Meuse, une suite de frais paysages, devaient conduire jusqu’à LiĂšge la re ine de Navarre. Elle marcha, jusqu’au rivage, sur un tapis aux armes de don Juan. Le bateau qui la reçut Ă©tait semblable Ă  la galĂšre de ClĂ©opĂątre, au temps fabuleux de la reine d’Égypte. Autour de ce riche bateau, que la riviĂšre emportait comme Ă  regret, se pressaient des barques lĂ©gĂšres, toutes remplies de musiciens et de chanteurs, qui chantaient leurs plus belles chansons, avec accompagnement de guitares et de hautbois. Dans ces flots hospitaliers, clairs et limpides, oĂč le soleil brillait de son plus vif Ă©clat, une Ăźle, en façon de temple, mais d’un temple soutenu par mille colonnes, arrĂȘta soudain cette brillante fĂ©erie. Alors recommencĂšrent les danses et les festins de plus belle, et voilĂ  comment ils arrivĂšrent Ă  LiĂšge, oĂč monseigneur l’évĂȘque avait donnĂ© des ordres pour recevoir dignement les hĂŽtes du seigneur don Juan d’Autriche. Mais, Ă  peine arrivĂ©e dans cette ville hospitaliĂšre, Marguerite essuya comme une tempĂȘte. On eĂ»t dit que le dĂ©luge Ă©tait dĂ©chaĂźnĂ© sur le rivage et dans les rues, et la peur fut si grande, que Mlle de Tournon, l’une des demoiselles d’honneur, non pas la moins belle et la moins charmante, expira de fatigue et de terreur. C’est trĂšs vrai nulle joie, ici-bas, sans mĂ©lange. Il faut que chacun paye Ă  son tour les prospĂ©ritĂ©s de son voyage, et ce fut un grand deuil pour Marguerite. Elle resta trois jours enfermĂ©e en son logis ; mais quand elle eut bien pleurĂ© sa chĂšre compagne, elle consentit que l’évĂȘque de LiĂšge la vĂźnt saluer dans la maison qu’il avait fait prĂ©parer pour la recevoir. Cet Ă©vĂȘque Ă©tait un prince souverain, de bonne mine et bien fait de sa personne. Il portait de la plus agrĂ©able façon la couronne et la mitre, le sceptre et l’épĂ©e ou le bĂąton pastoral. Il Ă©tait magnifique en toute chose, et marchait entourĂ© d’un chapitre Ă  ce point distinguĂ© que les moindres chanoines Ă©taient fils de ducs, de comtes et de grands seigneurs, comme on n’en voyait que dans les grandes Ă©glises des chanoines-comtes de Lyon. Chacun des chanoines de LiĂšge habitait un palais dans quelqu’une de ces rues grandes et larges, ou sur ces belles places ornĂ©es de fontaines. Le palais Ă©piscopal Ă©tait un Louvre, oĂč le prince-Ă©vĂȘque avait rĂ©uni les chefs-d’Ɠuvre de l’école flamande et les plus belles toiles de l’école italienne. Il Ă©tait grand amateur de jardins ; ses jardins Ă©taient peuplĂ©s de statues. AprĂšs trois jours de fĂȘtes vraiment royales, la jeune reine songea enfin Ă  prendre le chemin de Spa. Spa, qui est aujourd’hui une ville arrangĂ©e et bĂątie Ă  plaisir, lieu cĂ©lĂšbre et charmant, le rendez-vous des fĂȘtes de l’étĂ©, une source oĂč tout jase, un bois oĂč tout chante, n’était guĂšre, en ce temps-lĂ , qu’un lieu sauvage et sans nom, composĂ© de deux ou trois cabanes oĂč les buveurs d’eau s’abritaient Ă  grand’peine. Un forgeron du pays avait dĂ©couvert le premier, par sa propre expĂ©rience, la vertu de ces eaux salutaires. Il les avait cĂ©lĂ©brĂ©es de toutes ses forces ; mais le moyen de coucher Ă  la belle Ă©toile ? Et voilĂ  pourquoi cette heureuse ville de Spa, la citĂ© favorite de la Belgique, a gardĂ© prĂ©cieusement dans ses annales le souvenir de la reine Marguerite, non moins qu’une reconnaissance extrĂȘme pour ce terrible et singulier gĂ©nie appelĂ© Pierre le Grand, qui s’en vint, deux siĂšcles plus tard, demander Ă  la fontaine du Pouhon quelques heures de sommeil et de rafraĂźchissement. Mais dans l’état misĂ©rable de ce pays et de cette forĂȘt des Ardennes, oĂč les loups avaient choisi leur domicile, un Ă©vĂȘque aussi galant homme, aussi bien Ă©levĂ© que l’évĂȘque de LiĂšge, ne pouvait pas consentir qu’une reine de Navarre, en si belle compagnie, acceptĂąt les obstacles, les pĂ©rils, l’isolement, les ennuis de ces tristes contrĂ©es. En vain la magnificence de ces bois sĂ©culaires, le murmure enchanteur de ces frais ruisseaux, le flot mystĂ©rieux de ces ondes charmantes, pleines de fĂ©conditĂ©, de santĂ©, d’espĂ©rance, attiraient Ă  leur charme infini ces belles voyageuses, la grĂące et l’ornement de la maison de Valois... La reine Marguerite et la princesse de la Roche-sur-Yon, qui n’étaient pas trĂšs Ă©prises de l’élĂ©gie et de l’idylle champĂȘtre, eurent bientĂŽt consenti Ă  la proposition que leur faisait Sa GrĂące Mgr l’évĂȘque de LiĂšge. Il proposait que ces dames, une ou deux fois par semaine, iraient Ă  cheval s’abreuver aux claires fontaines, et que, le reste du temps, la fontaine irait elle-mĂȘme au-devant des buveuses d’eau. AussitĂŽt que le bruit se rĂ©pandit du sĂ©jour de ces dames françaises, on vit accourir Ă  LiĂšge, de la frontiĂšre des Flandres et mĂȘme du fond de l’Allemagne, les dames les plus qualifiĂ©es, et ces rĂ©unions, toutes pleines d’honneur et de joie, ont laissĂ© dans la province un tel souvenir, qu’elle s’en souvient encore. Ainsi, la reine Marguerite oublia la mort subite de cette aimable Mlle de Tournon, sa douce compagne ! et ce jeune corps, aussi malheureux qu’innocent et glorieux, fut rapportĂ© dans sa patrie en un drap blanc couvert de fleurs. » Chaque matin, qu’elle se rendit Ă  Spa, ou qu’elle bĂ»t les eaux dans les jardins de l’évĂȘchĂ© lesquelles eaux veulent ĂȘtre tracassĂ©es et promenĂ©es en disant des choses rĂ©jouissantes, la reine allait en bonne compagnie. Elle Ă©tait chaque jour invitĂ©e Ă  quelque festin ; aprĂšs le dĂźner, elle allait entendre les vĂȘpres en quelque maison religieuse ; puis la musique et le bal pendant six semaines. C’est le temps d’une cure ; au bout de six semaines, la santĂ© est revenue. Il fallut donc repartir, mais en six semaines, dĂ©jĂ , que de changements dans la province ! Elle Ă©tait Ă  feu et Ă  sang ; le galant don Juan d’Autriche s’était emparĂ© de Namur et des meilleurs seigneurs de la province. Alors, un grand conflit entre les catholiques de Flandre et les huguenots du prince d’Orange. Or, nĂ©cessairement, il fallait traverser toute cette bagarre, en danger d’ĂȘtre prise par l’un ou l’autre parti. Cette fois encore apparut l’évĂȘque de LiĂšge ; il protĂ©gea jusqu’à la fin les dames dont il avait Ă©tĂ© l’hĂŽte assidu. Il leur donna, pour les accompagner, son grand maĂźtre et ses chevaux ; mais ces damnĂ©s parpaillots manquaient tout Ă  fait de courtoisie. Ils prĂ©tendirent que la reine ne pouvait pas rentrer en France avant d’avoir payĂ© toutes ses dettes. Ils niĂšrent Ă  l’évĂȘque de LiĂšge le droit de signer des passeports. On crie Aux armes ! sur le passage de la reine, aux mĂȘmes lieux oĂč naguĂšre on criait Vive la reine ! Ces mĂȘmes portes des villes qui s’ouvraient devant elle Ă  son arrivĂ©e se fermaient brutalement Ă  son retour. Cependant rien n’arrĂȘtait la jeune reine ; elle se savait Ă©loquente, et parlait Ă  la multitude, apaisant celui-ci, souriant Ă  celui-lĂ , Ă©galement inquiĂšte des Allemands, des Espagnols, des huguenots, de ce mĂȘme don Juan, naguĂšre empressĂ© comme un amoureux autour de sa fiancĂ©e. O peines du voyage ! et cependant la dame avait rĂ©solu de rejoindre en toute hĂąte la cour de Navarre, mais non pas sans avoir saluĂ© son frĂšre, le roi de France. Or, laissant lĂ  sa litiĂšre, elle monte Ă  cheval et s’en va, par des chemins dĂ©tournĂ©s, frapper aux portes de Cambrai. La ville hospitaliĂšre accueillit la f ugitive, et bientĂŽt Ă  Saint-Denis mĂȘme, et sur le seuil de la grande basilique oĂč l’abbĂ© Suger a laissĂ© tant de souvenirs, le roi, la reine et toute la cour de France accoururent au-devant de Madame Marguerite. On lui fit raconter, Dieu le sait, toutes les merveilles de son voyage, et quand elle vit le roi son frĂšre en si belle humeur, elle lui demanda la permission de rejoindre enfin le roi son mari, en le priant de lui constituer une dot, et promptement, tant elle avait hĂąte de se rendre Ă  son poste naturel. Pendant six grands mois elle renouvela sa priĂšre Attendons ! » disait la reine mĂšre ; et Patientons ! » disait la roi. Il se mĂ©fiait de tout le monde, et quand sa sƓur lui demandait d’oĂč lui venaient ces craintes et ces doutes, il rĂ©pondait gravement que les simples mortels n’avaient pas le droit de demander aux rois, non plus qu’aux dieux, les motifs de leurs dĂ©cisions. Or, toutes ces brouilleries finissaient toujours par cet ordre absolu Ma fille, allez vous parer pour le souper et pour le bal. » Depuis que le roi de Navarre s’était Ă©chappĂ© du Louvre, les portes du Louvre Ă©taient gardĂ©es si curieusement que pas un n’en passait le seuil qu’on ne le regardĂąt au visage. Aussi bien, lorsque, aprĂšs six mois de patience et de promesses non tenues, la jeune reine eut rĂ©solu de s’échapper du Louvre, elle se fit apporter en secret un cĂąble qui plongeait de sa fenĂȘtre dans le fossĂ© du chĂąteau, et, par une nuit sombre, un soir que le roi ne soupait point et que la reine mĂšre soupait seule en sa petite salle, la reine Marguerite se mit au lit, entourĂ©e de ses dames d’honneur, et tout de suite, aprĂšs qu’elles se furent retirĂ©es, elle allait descendre, Ă  tout hasard. Heureusement, un surveillant du chĂąteau arrĂȘta cette belle fuite, et la reine mĂšre, touchĂ©e enfin par tant d’obstination, consentit Ă  doter sa fille et Ă  la rendre Ă  son mari, Ă  condition qu’elle maintiendrait la paix entre les deux royaumes. Ah ! comme elle respira librement lorsqu’elle vit accourir le roi de Navarre au-devant d’elle, accompagnĂ© des seigneurs et gentilshommes de la religion de Gascogne ! Ainsi, l’un et l’autre, ils se rendirent Ă  petites journĂ©es dans le chĂąteau de Pau, en BĂ©arn, en pleine religion rĂ©formĂ©e, et ce fut Ă  peine si la reine Marguerite obtint la permission d’entendre la messe avec quatre ou cinq catholiques. Il fallait, dans ces grands jours, fermer les portes du chĂąteau, tant les catholiques de la contrĂ©e Ă©taient dĂ©sireux d’assister au saint sacrifice, dont ils Ă©taient privĂ©s depuis si longtemps. Ainsi, fanatisme et cruautĂ© des deux parts ; mĂȘme on ne saurait croire Ă  quel point le BĂ©arnais poussait la rigueur jusqu’à chasser Ă  coups de hallebarde ses malheureux sujets catholiques pour avoir assistĂ© Ă  la messe de leur reine. Il y avait cependant un parlement Ă  Pau ; mais c’était un parlement huguenot, qui donna tort Ă  la reine quand elle se plaignit des procĂ©dĂ©s du roi son mari. C’était bien la peine, en effet, de l’ĂȘtre venue chercher de si loin ! Il supportait pĂ©niblement la prĂ©sence de sa jeune Ă©pouse, et finit par la relĂ©guer Ă  NĂ©rac, oĂč elle rencontra, belle, intelligente et bienveillante aussi, sa belle-sƓur, la princesse Catherine, amie et confidente du roi son frĂšre. Or Catherine Ă©tait une grande Ăąme, affable et juste, aimant la libertĂ© de conscience autant qu’elle aimait la belle compagnie. On ferait un charmant rĂ©cit de ces deux cours de NĂ©rac, de ces deux religions vivant l’une Ă  cĂŽtĂ© de l’autre, en toute courtoisie. Et chaque dimanche, aprĂšs le prĂȘche, aprĂšs la messe, huguenots et catholiques se promenaient ensemble, et se donnaient la main, dans un trĂšs beau jardin, par de longues allĂ©es de lauriers et de cyprĂšs, le long d’une belle riviĂšre, et le soir, ces dames et ces messieurs, rĂ©unis par la religion du plaisir, dansaient ensemble. On dirait d’un conte de fĂ©es. Mais quoi ! ces haines n’étaient qu’endormies. La guerre civile et religieuse Ă©tait recouverte Ă  peine sous des cendres brĂ»lantes. Le marĂ©chal de Biron, Ă  la tĂȘte des soldats du roi catholique, enlevait au roi huguenot les meilleures places de son royaume de Navarre. Ah ! Sire, Ă©crivait la reine Marguerite au roi de France, retenez le marĂ©chal de Biron, Ă©pargnez notre petite cour de NĂ©rac, commandez Ă  vos capitaines de respecter ma belle-sƓur, Madame Catherine... » Elle prĂȘchait dans le dĂ©sert. Henri de Navarre et le marĂ©chal de Biron se battaient tout le jour et tous les jours. Le canon avait peine Ă  respecter le chĂąteau dans lequel s’étaient rĂ©fugiĂ©es toutes ces belles jeunesses ; enfin ce n’était pas le compte du roi de France d’accorder la pais au roi de Navarre, qui, du reste, ne la demandait guĂšre. Ainsi, chaque jour diminuait pour Madame Marguerite l’amitiĂ© et les bons souvenirs du roi son frĂšre, pendant que le roi son mari oubliait sa jeune Ă©pouse. HĂ©las ! le roi Charles IX l’avait bien dit En donnant ma sƓur Margot au prince de BĂ©arn, je la donne au plus infidĂšle de tous les hommes. » Quelle diffĂ©rence entre ces deux femmes Catherine de Bourbon et Marguerite de Valois ! Catherine avait foi dans les destinĂ©es de son frĂšre ; elle ne voyait rien de plus rare et de plus grand que son courage ; elle a consacrĂ© sa vie entiĂšre Ă  la grandeur naissante de cette maison de Bourbon, que la trahison du connĂ©table de Bourbon avait rĂ©duite Ă  des proportions si misĂ©rables. Ainsi, Catherine de Navarre est morte Ă  la peine, en se glorifiant d’avoir tant contribuĂ© Ă  l’établissement de la royautĂ© française. Au contraire, Marguerite est un obstacle aux vastes projets de son maĂźtre et seigneur, marchant Ă  la conquĂȘte du royaume de France. Au moment oĂč le BĂ©arnais avait besoin de toutes ses forces, elle cherche Ă  se composer un petit royaume Ă  son usage personnel, et lorsque enfin Paris ouvre ses portes au roi victorieux, lorsqu’il est rentrĂ© dans le sein de l’Église catholique, le roi cherche en vain la reine sa compagne. La France l’avait dĂ©jĂ  oubliĂ©e. Elle Ă©tait Valois, la France entiĂšre Ă©tait Bourbon. Cependant le nouveau roi de France aspirait au bonheur d’un mariage rĂ©gulier. Il avait dĂ©cidĂ© qu’il laisserait son sceptre Ă  des hĂ©ritiers lĂ©gitimes, et il commandait, plus qu’il ne sollicitait, un divorce devenu nĂ©cessaire. HĂ©las ! en ce moment, la reine Marguerite comprit enfin dans quel abĂźme elle Ă©tait tombĂ©e. Elle vit toute l’étendue de sa peine, et l’incomparable majestĂ© de cette couronne, qui allait ĂȘtre encore une fois la premiĂšre entre toutes les couronnes de l’Europe. Et si profonde, en effet, cette chute apparaissait aux regards du monde entier, que lorsque la reine infortunĂ©e eut consenti au divorce, Henri IV fut le premier Ă  la prendre en pitiĂ©. Son cƓur Ă©tait bon, autant que son Ăąme Ă©tait grande. Au moment de se sĂ©parer de cette Ă©pouse qu’il avait prise, Ă©clatante et superbe, en sa dix-huitiĂšme annĂ©e, au milieu des fĂȘtes et des pĂ©rils de tout genre, Ă  la veille de la Saint-BarthĂ©lemy, d’abominable mĂ©moire, il revit d’un coup d’oeil toute sa jeunesse Ă©coulĂ©e ; tant de grĂące, de dĂ©vouement, de charme enfin, lui revinrent en mĂ©moire, et il se prit Ă  pleurer sur les ruines de ce mariage acceptĂ© sous de si tristes auspices. O malheureuse Marguerite ! s’écriait le bon sire, il fallait donc que nous en vinssions Ă  cette sĂ©paration, aprĂšs avoir partagĂ© tant de pĂ©rils, tant d’illustres aventures, et de si beaux jours ! Et j’en atteste ici Dieu lui-mĂȘme, il n’a pas tenu que de moi qu’elle ne fĂ»t reine de France Ă  mon cĂŽtĂ©, mais elle n’a pas voulu m’obĂ©ir et me servir. » Ainsi fut prononcĂ© le divorce. Voyez cependant l’inconstance et le changement d’un esprit futile et primesautier ! SitĂŽt qu’elle eut renoncĂ© aux espĂ©rances d’un si beau trĂŽne, la reine Marguerite ressentit un dĂ©sir invincible de revoir la France et Paris, et ce grand roi dont elle n’était plus l’épouse. En vain, ses conseillers lui disaient Prenez garde, il ne faut pas dĂ©plaire au roi, votre maĂźtre ; attendez son ordre et tenez vous Ă  distance... » Elle n’obĂ©it qu’à sa passion du moment, et, sans permission du roi son maĂźtre, elle fit dans Paris une entrĂ©e royale. Elle Ă©tait belle encore, et la ville entiĂšre, Ă  la revoir, reconnut cette beautĂ© qu’elle avait adorĂ©e. Elle eĂ»t frappĂ© aux portes du Louvre des rois ses aĂŻeux, les portes du Louvre se seraient ouvertes d’elles-mĂȘmes... Elle n’alla pas si loin. Elle s’était bĂąti, avec une prĂ©voyance assez rare, une belle maison sur les bords de la Seine, au milieu de jardins magnifiques, et dans cette maison faite Ă  son usage elle avait entassĂ©, curieuse et connaisseuse en toutes choses, les plus rares et les plus exquises merveilles de ces arts singuliers dont le goĂ»t du roi Henri III fut la derniĂšre expression. A peine installĂ©e en ce lieu charmant, la reine Marguerite eut une cour brillante, non pas tant de soldats et de capitaines ceux-lĂ  se pressaient autour du BĂ©arnais, mais de beaux esprits, de poĂštes, d’historiens, de causeurs, attirĂ©s par la grĂące et l’enchantement de cette aimable dĂ©couronnĂ©e. Il y vint un des premiers, le roi Henri IV ; il s’amusait Ă  ces fĂȘtes brillantes ; il se plaisait Ă  ces surprises si bien mĂ©nagĂ©es. Il disait que toute la peine Ă©tait au Louvre et tout le plaisir chez la reine Marguerite. Elle avait le grand art de plaire ; elle plaisait, mĂȘme sans le vouloir. Henri IV la trouvait charmante, Ă  prĂ©sent qu’il n’était plus son mari. M. de Sully, plus prĂ©voyant, rĂ©sistait Ă  ces belles grĂąces, et quand la reine se plaignait des froideurs du premier ministre Il vous trouve un peu dĂ©pensiĂšre, disait le roi, et nous avons tant besoin d’argent !— Nous autres Valois, disait la reine en relevant sa tĂȘte fiĂšre, nous aimons la dĂ©pense et nous sommes prodigues.— Nous autres Bourbons, rĂ©pondait le roi, nous aimons l’économie et nous sommes avares. » Il croyait rire, il disait juste. Ces princes de la maison de Valois Ă©taient splendides en toutes choses, hormis ce qui les concernait personnellement ; les princes de la maison de Bourbon sentaient l’épargne. Mais la reine Marguerite laissait gronder M. de Sully et redoublait de magnificence. Henri, pour elle, Ă©tait prodigue. On voyait qu’il ne pouvait guĂšre se passer de cet aimable rendez-vous des belles causeries, des fĂȘtes intimes, de la musique et de tous les arts. Ainsi, par un bonheur bien rare, les fautes mĂȘmes de la reine Marguerite de Navarre ont fini par contribuer Ă  sa gloire. Elle eut ce grand mĂ©rite, Ă©tant la fille d’une reine sanguinaire et tenant de si prĂšs au roi Charles IX, d’ĂȘtre bonne et clĂ©mente. Elle haĂŻssait d’instinct tous ces crimes d’État qu’elle avait entrevus dans ces ombres et dans ces fĂȘtes sanglantes. Plus d’une fois, ce grand roi Henri, comme il Ă©tait au comble des prospĂ©ritĂ©s et de la gloire, heureux partout, moins heureux dans son mĂ©nage, alla frapper Ă  la porte de sa premiĂšre Ă©pouse, en la priant de le ramener aux premiĂšres journĂ©es pleines d’aurore et d’espĂ©rance. Ah ! c’était lĂ  le bon temps [1] ; ils Ă©taient pauvres, ils Ă©taient en butte aux soupçons d’un roi jaloux, d’une reine impĂ©rieuse et d’une mĂšre implacable. Ils avaient assistĂ©, dans une nuit d’épouvante, au massacre de tous leurs amis, A grand’peine ils s’étaient enfuis de ce Louvre dont on leur faisait une prison, ils avaient menĂ© la vie errante, Ă  travers mille dangers... Tels Ă©taient leurs discours Ă  chaque rencontre, et toujours ils finissaient par se dire Ah ! c’était le bon temps. » ===VII.=== Lorsqu’en 1610 la reine Marie de MĂ©dicis sollicita les honneurs du sacre, le roi Henri IV s’en vint chez Marguerite, et par tant de priĂšres et de bonnes paroles il obtint de la femme divorcĂ©e qu’elle assisterait au sacre de la reine. Elle fit d’abord une certaine rĂ©sistance, et bientĂŽt, si vive Ă©tait sa croyance en sa propre beautĂ©, elle accueillit l’invitation du roi son maĂźtre par un sourire, et l’on vit des vieillards de cent ans l’ont racontĂ© plus tard au cardinal de Richelieu la foule, attentive Ă  ces grandes cĂ©rĂ©monies d’un couronnement et d’un sacre, oublier la reine rĂ©gnante pour la reine disgraciĂ©e. Ce fut dans l’antique mĂ©tropole de Saint-Denis que s’accomplit l’auguste cĂ©rĂ©monie. On y vit toute la cour dans son plus magnifique appareil. Le cardinal de Joyeuse eut l’honneur de poser la couronne de France sur la tĂȘte de cette future grand’mĂšre de Louis XIV. La reine avait Monseigneur le Dauphin Ă  sa droite, et Madame, fille du roi, Ă  sa gauche. La traĂźne de la robe royale Ă©tait portĂ©e par la princesse de Montpensier, la princesse de CondĂ©, la princesse de Conti, le duc de VendĂŽme tenant le sceptre, et le chevalier de VendĂŽme la main de justice. Le roi, dans une tribune, assistait Ă  cette fĂȘte... Tous les regards se portĂšrent, au mĂȘme instant, sur la reine divorcĂ©e. On eĂ»t dit qu’elle Ă©tait la couronnĂ©e. Elle portait l’éventail comme un sceptre, et quand elle traversa cette illustre basilique de Saint-Denis, le peuple entier s’inclina devant cette ombre Ă©clatante et sereine de la maison de Valois. Le lendemain, le 14 mai 1610, Henri le Grand, le seul roi dont le peuple ait gardĂ© la mĂ©moire, tombait sous le couteau de Ravaillac ! Le monde entier pleura ce grand homme. Au milieu de l’universelle dĂ©solation se distingua la reine Marguerite par sa profonde et sincĂšre douleur. La reine sacrĂ©e et lĂ©gitime, Marie de MĂ©dicis elle-mĂȘme, a versĂ© des larmes moins sincĂšres sur le trĂ©pas de ce hĂ©ros, dont elle n’était pas digne. Elle se consola beaucoup plus vite que la petite reine. Enfin, cinq ans aprĂšs la mort du roi, la dĂ©solĂ©e et repentante Marguerite de Navarre elles finissent toutes par une mort chrĂ©tienne rendait son Ăąme Ă  Dieu, le 27 mars 1615. A l’ñge de soixante-trois ans qu’elle pouvait avoir, elle avait gardĂ© ce beau visage, oĂč toutes les majestĂ©s de la vie humaine et tous les bonheurs de la jeunesse, unis au bel esprit, avaient laissĂ© leur douce et sĂ©rieuse empreinte. Elle fut enterrĂ©e Ă  Saint-Denis, dans le tombeau des rois. ↑ Le lecteur ne pourra guĂšre s’empĂȘcher de trouver singuliĂšre cette qualification appliquĂ©e Ă  une telle Ă©poque. Si Henri pouvait avec quelque raison regretter sa premiĂšre Ă©pouse, il Ă©tait difficile nĂ©anmoins de trouver bon le temps que les horreurs de la guerre civile, sous les derniers Valois, ont si terriblement gĂątĂ© ».

LaroyautĂ©. La reine, le fou et Sa MajestĂ© le roi. Se prĂ©parent tous les trois. Pour le grand couronnement. Oyez, oyez! Petits ou grands. Sages ou tannants. Vous ĂȘtes maintenant. Les princes et princesses. Du royaume des enfants. Hourra! Vive la reine! Vive le roi! Le dragon endormi (Ouvrir chanson - Le dragon endormi) Imprimez.
LES DROITS DE LA FEMME. À LA REINE. Madame,Peu faite au langage que l’on tient aux Rois, je n’emploierai point l’adulation des Courtisans pour vous faire hommage de cette singuliĂšre production. Mon but, Madame, est de vous parler franchement ; je n’ai pas attendu, pour m’exprimer ainsi, l’époque de la LibertĂ© ; je me suis montrĂ©e avec la mĂȘme Ă©nergie dans un temps oĂč l’aveuglement des Despotes punissait une si noble audace. Lorsque tout l’Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamitĂ©s, moi seule, dans un temps de trouble et d’orage, j’ai eu la force de prendre votre dĂ©fense. Je n’ai jamais pu me persuader qu’une Princesse, Ă©levĂ©e au sein des grandeurs, eĂ»t tous les vices de la bassesse. Oui, Madame, lorsque j’ai vu le glaive levĂ© sur vous, j’ai jetĂ© mes observations entre ce glaive et la victime ; mais aujourd’hui que je vois qu’on observe de prĂšs la foule de mutins soudoyĂ©e, & qu’elle est retenue par la crainte des loix, je vous dirai, Madame, ce que je ne vous aurois pas dit alors. Si l’étranger porte le fer en France, vous n’ĂȘtes plus Ă  mes yeux cette Reine faussement inculpĂ©e, cette Reine intĂ©ressante, mais une implacable ennemie des Français. Ah ! Madame, songez que vous ĂȘtes mĂšre et Ă©pouse ; employez tout votre crĂ©dit pour le retour des Princes. Ce crĂ©dit, si sagement appliquĂ©, raffermit la couronne du pĂšre, la conserve au fils, et vous rĂ©concilie l’amour des Français. Cette digne nĂ©gociation est le vrai devoir d’une Reine. L’intrigue, la cabale, les projets sanguinaires prĂ©cipiteroient votre chĂ»te, si l’on pouvait vous soupçonner capable de semblables desseins. Qu’un plus noble emploi, Madame, vous caractĂ©rise, excite votre ambition, et fixe vos regards. Il n’appartient qu’à celle que le hasard a Ă©levĂ©e Ă  une place Ă©minente, de donner du poids Ă  l’essor des Droits de la Femme, et d’en accĂ©lĂ©rer les succĂšs. Si vous Ă©tiez moins instruite, Madame, je pourrais craindre que vos intĂ©rĂȘts particuliers ne l’emportassent sur ceux de votre sexe. Vous aimez la gloire songez, Madame, que les plus grands crimes s’immortalisent comme les plus grandes vertus ; mais quelle diffĂ©rence de cĂ©lĂ©britĂ© dans les fastes de l’histoire ! l’une est sans cesse prise pour exemple, et l’autre est Ă©ternellement l’exĂ©cration du genre humain. On ne vous fera jamais un crime de travailler Ă  la restauration des mƓurs, Ă  donner Ă  votre sexe toute la consistence dont il est susceptible. Cet ouvrage n’est pas le travail d’un jour, malheureusement pour le nouveau rĂ©gime. Cette rĂ©volution ne s’opĂ©rera que quand toutes les femmes seront pĂ©nĂ©trĂ©es de leur dĂ©plorable sort, & des droits qu’elles ont perdus dans la sociĂ©tĂ©. Soutenez, Madame, une si belle cause ; dĂ©fendez ce sexe malheureux, et vous aurez bientĂŽt pour vous une moitiĂ© du royaume, et le tiers au moins de l’autre. VoilĂ , Madame, voilĂ  par quels exploits vous devez vous signaler et employer votre crĂ©dit. Croyez-moi, Madame, notre vie est bien peu de chose, sur-tout pour une Reine, quand cette vie n’est pas embellie par l’amour des peuples, et par les charmes Ă©ternels de la bienfaisance. S’il est vrai que des Français arment contre leur patrie toutes les puissances ; pourquoi ? pour de frivoles prĂ©rogatives, pour des chimĂšres. Croyez, Madame, si j’en juge par ce que je sens, le parti monarchique se dĂ©truira de lui-mĂȘme, qu’il abandonnera tous les tyrans, et tous les cƓurs se rallieront autour de la patrie pour la dĂ©fendre. VoilĂ , Madame, voilĂ  quels sont mes principes. En vous parlant de ma patrie, je perds de vue le but de cette dĂ©dicace. C’est ainsi que tout bon Citoyen sacrifie sa gloire, ses intĂ©rĂȘts, quand il n’a pour objet que ceux de son pays. Je suis avec le plus profond respect, Madame, Votre trĂšs-humble et trĂšs- obĂ©issante servante, De Gouges. LES DROITS DE LA FEMME. Homme, es-tu capable d’ĂȘtre juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ĂŽteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t’a donnĂ© le souverain empire d’opprimer mon sexe ? ta force ? tes talents ? Observe le crĂ©ateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l’oses, l’exemple de cet empire tirannique[1]. Remonte aux animaux, conĆżulte les Ă©lĂ©mens, Ă©tudie les vĂ©gĂ©taux, jette enfin un coup-d’Ɠil sur toutes les modifications de la matiĂšre organisĂ©e ; et rends-toi Ă  l’évidence quand je t’en offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes dans l’administration de la nature. Par-tout tu les trouveras confondus, par-tout ils coopĂšrent avec un ensemble harmonieux Ă  ce chef-d’Ɠuvre immortel. L’homme seul s’est fagotĂ© un principe de cette exception. BiĆżarre, aveugle, boursoufflĂ© de sciences et dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, dans ce siĂšcle de lumiĂšres et de sagacitĂ©, dans l’ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultĂ©s intellectuelles ; il prĂ©tend jouir de la rĂ©volution, et rĂ©clamer ses droits Ă  l’égalitĂ©, pour ne rien dire de plus. DÉCLARATION DES DROITS DE LAFEMME ET DE LA CITOYENNE, À dĂ©crĂ©ter par l’AssemblĂ©e nationale dans ses derniĂšres sĂ©ances ou dans celle de la prochaine lĂ©gislature. PrĂ©ambule. Les mĂšres, les filles, les sƓurs, reprĂ©sentantes de la nation, demandent d’ĂȘtre constituĂ©es en assemblĂ©e nationale. ConsidĂ©rant que l’ignorance, l’oubli ou le mĂ©pris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont rĂ©solu d’exposer dans une dĂ©claration solemnelle, les droits naturels, inaliĂ©nables et sacrĂ©s de la femme, afin que cette dĂ©claration, constamment prĂ©sente Ă  tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant ĂȘtre Ă  chaque instant comparĂ©s avec le but de toute institution politique, en soient plus respectĂ©s, afin que les rĂ©clamations des citoyennes, fondĂ©es dĂ©sormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution, des bonnes mƓurs, et au bonheur de tous. En consĂ©quence, le sexe supĂ©rieur en beautĂ© comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaĂźt et dĂ©clare, en prĂ©sence et sous les auspices de l’Être suprĂȘme, les Droits suivans de la Femme et de la Citoyenne. Article premier. La Femme naĂźt libre et demeure Ă©gale Ă  l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent ĂȘtre fondĂ©es que sur l’utilitĂ© commune. II. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et impreĆżcriptibles de la Femme et de l’Homme ces droits sont la libertĂ©, la propriĂ©tĂ©, la sĂ»retĂ©, et sur-tout la rĂ©sistance Ă  l’oppression. III. Le principe de toute souverainetĂ© rĂ©side essentiellement dans la Nation, qui n’est que la rĂ©union de la Femme et de l’Homme nul corps, nul individu, ne peut exercer d’autoritĂ© qui n’en Ă©mane expressĂ©ment. IV. La libertĂ© et la justice consistent Ă  rendre tout ce qui appartient Ă  autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpĂ©tuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent ĂȘtre rĂ©formĂ©es par les loix de la nature et de la raison. V. Les loix de la nature et de la raison dĂ©fendent toutes actions nuisibles Ă  la sociĂ©tĂ© tout ce qui n’est pas dĂ©fendu par ces loix, sages et divines, ne peut ĂȘtre empĂȘchĂ©, et nul ne peut ĂȘtre contraint Ă  faire ce qu’elles n’ordonnent pas. VI. La Loi doit ĂȘtre l’expression de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personellement, ou par leurs reprĂ©sentans, Ă  sa formation ; elle doit ĂȘtre la mĂȘme pour tous toutes les citoyennes et tous les citoyens, Ă©tant Ă©gaux Ă  ses yeux, doivent ĂȘtre Ă©galement admissibles Ă  toutes dignitĂ©s, places et emplois publics, selon leurs capacitĂ©s, & sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents. VII. Nulle femme n’est exceptĂ©e ; elle est accusĂ©e, arrĂȘtĂ©e, & dĂ©tenue dans les cas dĂ©terminĂ©s par la Loi. Les femmes obĂ©issent comme les hommes Ă  cette Loi rigoureuse. VIII. La loi ne doit Ă©tablir que des peines strictement & Ă©videmment nĂ©cessaires, & nul ne peut ĂȘtre puni qu’en vertu d’une Loi Ă©tablie et promulguĂ©e antĂ©rieurement au dĂ©lit et lĂ©galement appliquĂ©e aux femmes. IX. Toute femme Ă©tant dĂ©clarĂ©e coupable, toute rigueur est exercĂ©e par la Loi. X. Nul ne doit ĂȘtre inquiĂ©tĂ© pour ses opinions mĂȘmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir Ă©galement celui de monter Ă  la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public Ă©tabli par la Loi. XI. La libre communication des pensĂ©es et des opinions est un des droits les plus prĂ©cieux de la femme, puisque cette libertĂ© assure la lĂ©gitimitĂ© des pĂšres envers les enfans. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mĂšre d’un enfant qui vous appartient, sans qu’un prĂ©jugĂ© barbare la force Ă  dissimuler la vĂ©ritĂ© ; sauf Ă  rĂ©pondre de l’abus de cette libertĂ© dans les cas dĂ©terminĂ©s par la Loi. XII. La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne nĂ©cessite une utilitĂ© majeure ; cette garantie doit ĂȘtre instituĂ©e pour l’avantage de tous, & non pour l’utilitĂ© particuliĂšre de celles Ă  qui elle est confiĂ©e. XIII. Pour l’entretien de la force publique, & pour les dĂ©penses d’administration, les contributions de la femme et de l’homme sont Ă©gales ; elle a part Ă  toutes les corvĂ©es, Ă  toutes les tĂąches pĂ©nibles ; elle doit donc avoir de mĂȘme part Ă  la distribution des places, des emplois, des charges, des dignitĂ©s et de l’industrie. XIV. Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par eux-mĂȘmes, ou par leurs reprĂ©sentans, la nĂ©cessitĂ© de la contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhĂ©rer que par l’admission d’un partage Ă©gal, non-seulement dans la fortune, mais encore dans l’administration publique, et de dĂ©terminer la quotitĂ©, l’assiette, le recouvrement et la durĂ©e de l’impĂŽt. XV. La masse des femmes, coalisĂ©e pour la contribution Ă  celle des hommes, a le droit de demander compte, Ă  tout agent public, de son administration. XVI. Toute sociĂ©tĂ©, dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurĂ©e, ni la sĂ©paration des pouvoirs dĂ©terminĂ©e, n’a point de constitution ; la constitution est nulle, si la majoritĂ© des individus qui composent la Nation, n’a pas coopĂ©rĂ© Ă  sa rĂ©daction. XVII. Les propriĂ©tĂ©s sont Ă  tous les sexes rĂ©unis ou sĂ©parĂ©s ; elles ont pour chacun un droit inviolable et sacrĂ© ; nul ne peut en ĂȘtre privĂ© comme vrai patrimoine de la nature, si ce n’est lorsque la nĂ©cessitĂ© publique, lĂ©galement constatĂ©e, l’exige Ă©videmment, et sous la condition d’une juste et prĂ©alable indemnitĂ©. POSTAMBULE. Femme, rĂ©veille-toi ; le tocĆżin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnois tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environnĂ© de prĂ©jugĂ©s, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vĂ©ritĂ© a dissipĂ© tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. L’homme esclave a multipliĂ© ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’ĂȘtre aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la rĂ©volution ? Un mĂ©pris plus marquĂ©, un dĂ©dain plus signalĂ©. Dans les siĂšcles de corruption vous n’avez rĂ©gnĂ© que sur la foiblesse des hommes. Votre empire est dĂ©truit ; que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices de l’homme. La rĂ©clamation de votre patrimoine, fondĂ©e sur les sages dĂ©crets de la nature ; qu’auriez-vous Ă  redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot du LĂ©gislateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos LĂ©gislateurs Français, correcteurs de cette morale, long-temps accrochĂ©e aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous rĂ©pĂštent femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous Ă  rĂ©pondre. S’ils s’obstinoient, dans leur faiblesse, Ă  mettre cette inconsĂ©quence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prĂ©tentions de supĂ©rioritĂ© ; rĂ©unissez-vous sous les Ă©tendards de la philosophie ; dĂ©ployez toute l’énergie de votre caractĂšre, et vous verrez bientĂŽt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampans Ă  vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trĂ©sors de l’Être SuprĂȘme. Quelles que soient les barriĂšres que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir. Passons maintenant Ă  l’effroyable tableau de ce que vous avez Ă©tĂ© dans la sociĂ©tĂ© ; & puisqu’il est question, en ce moment, d’une Ă©ducation nationale, voyons si nos sages LĂ©gislateurs penseront sainement sur l’éducation des femmes. Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont Ă©tĂ© leur partage. Ce que la force leur avoit ravi, la ruse leur a rendu ; elles ont eu recours Ă  toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irrĂ©prochable ne leur rĂ©sistoit pas. Le poison, le fer, tout leur Ă©toit soumis ; elles commandoient au crime comme Ă  la vertu. Le gouvernement français, surtout, a dĂ©pendu, pendant des siĂšcles, de l’administration nocturne des femmes ; le cabinet n’avaoit point de secret pour leur indiscrĂ©tion ; ambassade, commandement, ministĂšre, prĂ©sidence, pontificat[2], cardinalat ; enfin tout ce qui caractĂ©rise la sottise des hommes, profane et sacrĂ©, tout a Ă©tĂ© soumis Ă  la cupiditĂ© et Ă  l’ambition de ce sexe autrefois mĂ©prisable et respectĂ©, et depuis la rĂ©volution, respectable et mĂ©prisĂ©. Dans cette sorte d’antithĂšse, que de remarques n’ai-je point Ă  offrir ! je n’ai qu’un moment pour les faire, mais ce moment fixera l’attention de la postĂ©ritĂ© la plus reculĂ©e. Sous l’ancien rĂ©gime, tout Ă©toit vicieux, tout Ă©toit coupable ; mais ne pourroit-on pas apercevoir l’amĂ©lioration des choses dans la substance mĂȘme des vices ? Une femme n’avoit besoin que d’ĂȘtre belle ou aimable ; quand elle possĂ©doit ces deux avantages, elle voyoit cent fortunes Ă  ses pieds. Si elle n’en profitoit pas, elle avoit un caractĂšre bizarre, ou une philosophie peu commune, qui la portoit aux mĂ©pris des richesses ; alors elle n’étoit plus considĂ©rĂ©e que comme une mauvaise tĂȘte ; la plus indĂ©cente se faisoit respecter avec de l’or ; le commerce des femmes Ă©toit une espĂšce d’industrie reçue dans la premiĂšre classe, qui, dĂ©sormais, n’aura plus de crĂ©dit. S’il en avoit encore, la rĂ©volution seroit perdue, et sous de nouveaux rapports, nous serions toujours corrompus ; cependant la raison peut-elle se dissimuler que tout autre chemin Ă  la fortune est fermĂ© Ă  la femme que l’homme achete, comme l’esclave sur les cĂŽtes d’Afrique. La diffĂ©rence est grande ; on le sait. L’esclave commande au maĂźtre ; mais si le maĂźtre lui donne la libertĂ© sans rĂ©compense, et Ă  un Ăąge oĂč l’esclave a perdu tous ses charmes, que devient cette infortunĂ©e ? Le jouet du mĂ©pris ; les portes mĂȘme de la bienfaisance lui sont fermĂ©es ; elle est pauvre et vieille, dit-on ; pourquoi n’a-t-elle pas su faire fortune ? D’autres exemples encore plus touchans s’offrent Ă  la raison. Une jeune personne sans expĂ©rience, sĂ©duite par un homme qu’elle aime, abandonnera ses parens pour le suivre ; l’ingrat la laissera aprĂšs quelques annĂ©es, et plus elle aura vieilli avec lui, plus son inconstance sera inhumaine ; si elle a des enfants, il l’abandonnera de mĂȘme. S’il est riche, il se croira dispensĂ© de partager sa fortune avec ses nobles victimes. Si quelqu’engagement le lie Ă  ses devoirs, il en violera la puissance en espĂ©rant tout des lois. S’il est mariĂ©, tout autre engagement perd ses droits. Quelles lois reste-t-il donc Ă  faire pour extirper le vice jusques dans la racine ? Celle du partage des fortunes entre les hommes et les femmes, et de l’administration publique. On conçoit aisĂ©ment que celle qui est nĂ©e d’une famille riche, gagne beaucoup avec l’égalitĂ© des partages. Mais celle qui est nĂ©e d’une famille pauvre, avec du mĂ©rite et des vertus ; quel est son lot ? La pauvretĂ© et l’opprobre. Si elle n’excelle pas prĂ©cisĂ©ment en musique ou en peinture, elle ne peut ĂȘtre admise Ă  aucune fonction publique, quand elle en auroit toute la capacitĂ©. Je ne veux donner qu’un aperçu des choses, je les approfondirai dans la nouvelle Ă©dition de mes ouvrages politiques que je me propose de donner au public dans quelques jours, avec des notes. Je reprends mon texte quant aux mƓurs. Le mariage est le tombeau de la confiance & de l’amour. La femme mariĂ©e peut impunĂ©ment donner des bĂątards Ă  son mari, et la fortune qui ne leur appartient pas. Celle qui ne l’est pas, n’a qu’un foible droit les lois anciennes et inhumaines lui refusoient ce droit sur le nom & sur le bien de leur pĂšre, pour ses enfants, et l’on n’a pas fait de nouvelles lois sur cette matiĂšre. Si tenter de donner Ă  mon sexe une consistance honorable et juste, est considĂ©rĂ© dans ce moment comme un paradoxe de ma part, et comme tenter l’impossible, je laisse aux hommes Ă  venir la gloire de traiter cette matiĂšre ; mais, en attendant, on peut la prĂ©parer par l’éducation nationale, par la restauration des mƓurs et par les conventions conjugales. Forme du Contrat social de l’Homme et de la Femme. Nous N et N, mus par notre propre volontĂ©, nous unissons pour le terme de notre vie, et pour la durĂ©e de nos penchans mutuels, aux conditions suivantes Nous entendons & voulons mettre nos fortunes en communautĂ©, en nous rĂ©servant cependant le droit de les sĂ©parer en faveur de nos enfans, et de ceux que nous pourrions avoir d’une inclination particuliĂšre, reconnaissant mutuellement que notre bien appartient directement Ă  nos enfans, de quelque lit qu’ils sortent, et que tous indistinctement ont le droit de porter le nom des pĂšres et mĂšres qui les ont avouĂ©s, et nous imposons de souscrire Ă  la loi qui punit l’abnĂ©gation de son propre sang. Nous nous obligeons Ă©galement, au cas de sĂ©paration, de faire le partage de notre fortune, et de prĂ©lever la portion de nos enfans indiquĂ©e par la loi ; et, au cas d’union parfaite, celui qui viendrait Ă  mourir, se dĂ©sisteroit de la moitiĂ© de ses propriĂ©tĂ©s en faveur de ses enfans ; et si l’un mouroit sans enfans, le survivant hĂ©riteroit de droit, Ă  moins que le mourant n’ait disposĂ© de la moitiĂ© du bien commun en faveur de qui il jugeroit Ă  propos. VoilĂ  Ă -peu-prĂšs la formule de l’acte conjugal dont je propose l’exĂ©cution. À la lecture de ce bisarre Ă©crit, je vois s’élever contre moi les tartuffes, les bĂ©gueules, le clergĂ© et toute la sĂ©quelle infernale. Mais combien il offrira aux sages de moyens moraux pour arriver Ă  la perfectibilitĂ© d’un gouvernement heureux ! j’en vais donner en peu de mots la preuve physique. Le riche Épicurien sans enfans, trouve fort bon d’aller chez son voisin pauvre augmenter sa famille. Lorsqu’il y aura une loi qui autorisera la femme du pauvre Ă  faire adopter au riche ses enfans, les liens de la sociĂ©tĂ© seront plus resserrĂ©s, et les mƓurs plus Ă©purĂ©es. Cette loi conservera peut-ĂȘtre le bien de la communautĂ©, et retiendra le dĂ©sordre qui conduit tant de victimes dans les hospices de l’opprobre, de la bassesse et de la dĂ©gĂ©nĂ©ration des principes humains, oĂč, depuis long-tems, gĂ©mit la nature. Que les dĂ©tracteurs de la saine philosophie cessent donc de se rĂ©crier contre les mƓurs primitives, ou qu’ils aillent se perdre dans la source de leurs citations[3]. Je voudrois encore une loi qui avantageĂąt les veuves et les demoiselles trompĂ©es par les fausses promesses d’un homme Ă  qui elles se seroient attachĂ©es ; je voudrois, dis-je, que cette loi forçùt un inconstant Ă  tenir ses engagemens, ou Ă  une indemnitĂ© proportionnelle Ă  sa fortune. Je voudrois encore que cette loi fĂ»t rigoureuse contre les femmes, du moins pour celles qui auroient le front de recourir Ă  une loi qu’elles auroient elles-mĂȘmes enfreinte par leur inconduite, si la preuve en Ă©toit faite. Je voudrois, en mĂȘme tems, comme je l’ai exposĂ©e dans le bonheur primitif de l’homme, en 1788, que les filles publiques fussent placĂ©es dans des quartiers dĂ©signĂ©s. Ce ne sont pas les femmes publiques qui contribuent le plus Ă  la dĂ©pravation des mƓurs, ce sont les femmes de la sociĂ©tĂ©. En restaurant les derniĂšres, on modifie les premiĂšres. Cette chaĂźne d’union fraternelle offrira d’abord le dĂ©sordre, mais par les suites, elle produira Ă  la fin un ensemble parfait. J’offre un moyen invincible pour Ă©lever l’ame des femmes ; c’est de les joindre Ă  tous les exercices de l’homme si l’homme s’obstine Ă  trouver ce moyen impraticable, qu’il partage avec la femme, non Ă  son caprice, mais par la sageƿƿe des loix. Le prĂ©jugĂ© tombe, les mƓurs s’épurent, et la nature reprend tous ses droits. Ajoutez-y le mariage des prĂȘtres ; le Roi, raffermi sur son trĂŽne, et le gouvernement français ne sauroit plus pĂ©rir. Il Ă©toit bien nĂ©cessaire que je dise quelques mots sur les troubles que cause, dit-on, le dĂ©cret en faveur des hommes de couleur, dans nos Ăźles. C’est l’à oĂč la nature frĂ©mit d’horreur ; c’est l’à oĂč la raison et l’humanitĂ©, n’ont pas encore touchĂ© les Ăąmes endurcies ; c’est lĂ  sur-tout oĂč la division et la discorde agitent leurs habitans. Il n’est pas difficile de deviner les instigateurs de ces fermentations incendiaires il y en a dans le sein mĂȘme de l’AssemblĂ©e Nationale ils alument en Europe le feu qui doit embraser l’AmĂ©rique. Les Colons prĂ©tendent rĂ©gner en despotes sur des hommes dont ils sont les pĂšres et les frĂšres ; et mĂ©connoissant les droits de la nature, ils en poursuivent la source jusque dans la plus petite teinte de leur sang. Ces Colons inhumains disent notre sang circule dans leurs veines, mais nous le rĂ©pandrons tout, s’il le faut, pour assouvir notre cupiditĂ©, ou notre aveugle ambition. C’est dans ces lieux les plus prĂšs de la nature, que le pĂšre mĂ©connoĂźt le fils ; sourd aux cris du sang, il en Ă©touffe tous les charmes ; que peut-on espĂ©rer de la rĂ©sistance qu’on lui oppose ? la contraindre avec violence, c’est la rendre terrible, la laisser encore dans les fers, c’est acheminer toutes les calamitĂ©s vers l’AmĂ©rique. Une main divine semble rĂ©pandre par tout l’appanage de l’homme, la libertĂ© ; la loi seule a le droit de rĂ©primer cette libertĂ©, si elle dĂ©gĂ©nĂ©re en licence ; mais elle doit ĂȘtre Ă©gale pour tous, c’est elle sur-tout qui doit renfermer l’AssemblĂ©e Nationale dans son dĂ©cret, dictĂ© par la prudence et par la justice. Puisse-t-elle agir de mĂȘme pour l’état de la France, et se rendre aussi attentive sur les nouveaux abus, comme elle l’a Ă©tĂ© sur les anciens qui deviennent chaque jour plus effroyables ! Mon opinion seroit encore de raccommoder le pouvoir exĂ©cutif avec le pouvoir lĂ©gislatif, car il me semble que l’un est tout, et que l’autre n’est rien ; d’oĂč naĂźtra, malheureusement peut ĂȘtre, la perte de l’Empire François. Je considĂšre ces deux pouvoirs, comme l’homme et la femme[4] qui doivent ĂȘtre unis, mais Ă©gaux en force et en vertu, pour faire un bon mĂ©nage. Il eĆżt donc vrai que nul individu ne peut Ă©chapper Ă  son sort ; j’en fais l’expĂ©rience aujourd’hui. J’avois rĂ©solu & dĂ©cidĂ© de ne pas me permettre le plus petit mot pour rire dans cette production, mais le sort en a dĂ©cidĂ© autrement voici le fait L’économie n’est point dĂ©fendue, sur-tout dans ce tems de misĂšre. J’habite la campagne. Ce matin Ă  huit heures je suis partie d’Auteuil, & me suis acheminĂ©e vers la route qui conduit de Paris Ă  Versailles, oĂč l’on trouve souvent ces fameuses guinguettes qui ramassent les passans Ă  peu de frais. Sans doute une mauvaise Ă©toile me poursuivoit dĂšs le matin. J’arrive Ă  la barriĂšre oĂč je ne trouve pas mĂȘme le triste sapin aristocrate. Je me repose sur les marches de cet Ă©difice insolent qui recĂ©loit des commis. Neuf heures sonnent, & je continue mon chemin une voiture s’offre Ă  mes regards, j’y prends place, & j’arrive Ă  neuf heures un quart, Ă  deux montres diffĂ©rentes, au Pont-Royal. J’y prends le sapin, & je vole chez mon Imprimeur, rue Christine, car je ne peux aller que lĂ  si matin en corrigeant mes Ă©preuves, il me reste toujours quelque choĆże Ă  faire ; si les pages ne Ćżont pas bien serrĂ©es & remplies. Je reste Ă -peu-prĂšs vingt minutes ; & fatiguĂ©e de marche, de composition & d’impression, je me propose d’aller prendre un bain dans le quartier du Temple, oĂč j’allois dĂźner. J’arrive Ă  onze heures moins un quart Ă  la pendule du bain ; je devois donc au cocher une heure & demie ; mais, pour ne pas avoir de dispute avec lui, je lui offre 48 Ćżols il exige plus, comme d’ordinaire ; il fait du bruit. Je m’obstine Ă  ne vouloir plus lui donner que son dĂ», car l’ĂȘtre Ă©quitable aime mieux ĂȘtre gĂ©nĂ©reux que dupe. Je le menace de la loi, il me dit qu’il s’en moque, & que je lui payerai deux heures. Nous arrivons chez un commissaire de paix, que j’ai la gĂ©nĂ©rositĂ© de ne pas nommer, quoique l’acte d’autoritĂ© qu’il s’est permis envers moi, mĂ©rite une dĂ©nonciation formelle. Il ignoroit sans doute que la femme qui rĂ©clamoit sa justice Ă©toit la femme auteur de tant de bienfaisance & d’équitĂ©. Sans avoir Ă©gard Ă  mes raisons, il me condamne impitoyablement Ă  payer au cocher ce qu’il demandoit. Connoissant mieux la loi que lui, je lui dis, Monsieur, je m’y refuse, & je vous prie de faire attention que vous n’ĂȘtes pas dans le principe de votre charge. Alors cet homme, ou, pour mieux dire, ce forcenĂ© s’emporte, me menace de la Force si je ne paye Ă  l’instant, ou de rester toute la journĂ©e dans son bureau. Je lui demande de me faire conduire au tribunal de dĂ©partement ou Ă  la mairie, ayant Ă  me plaindre de son coup d’autoritĂ©. Le grave magistrat, en redingote poudreuse & dĂ©goĂ»tante comme sa conversation, m’a dit plaisamment cette affaire ira sans doute Ă  l’AssemblĂ©e Nationale ? Cela se pourroit bien, lui dis-je ; & je m’en fus moitiĂ© furieuse & moitiĂ© riant du jugement de ce moderne Bride-Oison, en disant c’est donc lĂ  l’espĂšce d’homme qui doit juger un peuple Ă©clairĂ© ! On ne voit que cela. Semblables aventures arrivent indistinctement aux bons patriotes, comme aux mauvais. Il n’y a qu’un cri sur les dĂ©sordres des sections & des tribunaux. La justice ne se rend pas ; la loi est mĂ©connue, & la police se fait, Dieu sait comment. On ne peut plus retrouver les cochers Ă  qui l’on confie des effets ; ils changent les numĂ©ros Ă  leur fantaiĆżie, & plusieurs personnes, ainsi que moi, ont fait des pertes considĂ©rables dans les voitures. Sous l’ancien rĂ©gime, quel que fĂ»t son brigandage, on trouvait la trace de ses pertes, en faisant un appel nominal des cochers, & par l’inspection exacte des numĂ©ros ; enfin on Ă©toit en sĂ»retĂ©. Que font ces juges de paix ? que font ces comissaires, ces inspecteurs du nouveau rĂ©gime ? Rien que des sottises & des monopoles. L’AssemblĂ©e Nationale doit fixer toute son attention sur cette partie qui embrasse l’ordre social. P. S. Cet ouvrage Ă©toit compoƿé depuis quelques jours ; il a Ă©tĂ© retardĂ© encore Ă  l’impreƿƿion ; et au moment que M. Taleyrand, dont le nom sera toujours cher Ă  la poĆżtĂ©ritĂ©, venant de donner son ouvrage sur les principes de l’éducation nationale, cette production Ă©toit dĂ©jĂ  Ćżous la presse. Heureuse si je me suis rencontrĂ©e avec les vues de cet orateur ! Cependant je ne puis m’empĂȘcher d’arrĂȘter la presse, et de faire Ă©clater la pure joie, que mon cƓur a ressentie Ă  la nouvelle que le roi venoit d’accepter la Constitution, et que l’assemblĂ©e nationale, que j’adore actuellement, Ćżans excepter l’abbĂ© Maury ; et la Fayette est un dieu, avoit proclamĂ© d’une voix unanime une amnistie gĂ©nĂ©rale. Providence divine, fais que cette joie publique ne Ćżoit pas une fausse illusion ! Renvoie-nous, en corps, tous nos fugitifs, et que je puisse avec un peuple aimant, voler sur leur passage ; et dans ce jour solemnel, nous rendrons tous hommage Ă  ta puissance. ↑ De Paris au PĂ©rou, du Japon jusqu’à Rome, Le plus sot animal, Ă  mon avis, c’est l’homme. ↑ M. de Berais, de la façon de madame de Pompadour. ↑ Abraham eut des enfans trĂšs-lĂ©gitimes d’Agar, servante de sa femme. ↑ Dans le souper magique de M. de Merville, Ninon demande quelle est la maitresse de Louis XVI ? On lui rĂ©pond, c’est la Nation, cette maitresse corrompra le gouvernement si elle prend trop d’empire.
Du2 au 4 mai, le roi et la reine des Belges ont effectuĂ© leur grand retour sur la scĂšne internationale en se rendant en GrĂšce. Une premiĂšre visite d’État post-crise sanitaire, placĂ©e sous le signe de la coopĂ©ration archĂ©ologique et europĂ©enne. Un voyage Ă  marquer d’une pierre blanche ! Du 2 au 4 mai, le roi et la reine des Belges ont effectuĂ© leur grand retour sur
Ce qu’ils nous montrĂ©HumiliĂ©e par les aventures extra-conjugales de son mari, souvent affichĂ©es en une des tabloĂŻds, la reine Ă©mĂ©rite Sofia d’Espagne sait qu’elle peut compter sur le soutien de son fils et de sa belle-fille. D’ailleurs, en avril 2018, c’est ensemble qu’ils fĂȘtent PĂąques Ă  Palma de Majorque. Sur le parvis, Felipe et Letizia d’Espagne, leurs deux filles Leonor et Sofia et la reine Ă©mĂ©rite Sofia affichent une belle unitĂ©. L’ambiance semble dĂ©tendue. Tout le monde sourit et se prĂȘte au jeu des photographes. Mais une fois la messe dite, l’entente se fissure
Ce qu’ils nous ont cachĂ© La violence de LetiziaLes images n’auraient jamais dĂ» faire le tour de l’Espagne et pourtant dans le royaume, elles sont dĂ©sormais culte. Alors que l’office de PĂąques vient de se terminer, les camĂ©ras qui diffusaient la messe n’ont pas encore coupĂ© leur retransmission. C’est alors qu’elles captent une vive altercation entre Letizia et sa belle-mĂšre. La reine Sofia s’approche de ses petites-filles pour leur faire un cĂąlin mais l’épouse du roi Felipe s’interpose et dĂ©tourne les deux fillettes de leur grand-mĂšre. Quelques minutes plus tard, sur le parvis, elle tente un nouveau rapprochement pour poser devant les photographes avec les infantes. Mais lĂ  encore, Letizia s’y oppose. Elle repousse violemment la main de sa belle-mĂšre posĂ©e sur l’épaule de la princesse Leonor et dĂ©joue les prises de vue quitte Ă  se montrer sĂšche avec la reine Ă©mĂ©rite. Quand les Espagnols dĂ©couvrent les images, c’est le choc. Aucune grand-mĂšre ne mĂ©rite d’ĂȘtre traitĂ©e de la sorte » s’indignent-ils. Les rumeurs qui disaient les deux femmes brouillĂ©es semblent se confirmer
>>> A lire La royautĂ© Ă  la loupe Les fiançailles de Lady Di et du prince CharlesSofia privĂ©e de ses petites-fillesEn dehors des Ă©vĂšnement officiels, voilĂ  des mois que Letizia et Sofia s’évitent. Entre elles, les tensions sont si vives que la mĂšre du roi Felipe n’a plus le droit de voir ses petites-filles, Leonor et Sofia. Le personnel a des ordres stricts en l’absence du couple royal pour ne pas laisser entrer la reine Ă©mĂ©rite » rapporte mĂȘme un membre du staff. Si bien que deux ans aprĂšs l’incident de PĂąques 2018, le roi d’Espagne est contraint de faire un break dans ses obligations officielles pour remettre de l’ordre dans sa famille.>>> A lire La royautĂ© Ă  la loupe Le couronnement de la reine Elizabeth IILa premiĂšre reine issue de la classe moyenne »L’animositĂ© entre les deux femmes ne datent pas d’hier. Les commentateurs mondains ont beau rĂ©pĂ©ter que la reine Sofia a toujours soutenu sa belle-fille, il n’en reste pas moins que lorsque Letizia est arrivĂ©e dans la famille royale, l’épouse du roi Juan Carlos ne voyait pas d’un bon Ɠil ses origines modestes. Fille d’une infirmiĂšre et d’un journaliste syndiquĂ© et petite fille d’un chauffeur de taxi, Letizia la roturiĂšre n’aurait pas le pĂ©digrĂ©e d’une reine d’aprĂšs Sofia. TrĂšs critique, la reine Ă©mĂ©rite ne manquerait pas de pointer la grossiĂšretĂ© » de sa belle-fille dĂšs que l’occasion lui en est donnĂ©e. Voir Letizia moulĂ©e dans un jean Zara, s’offrir une virĂ©e shopping dans les grandes capitales europĂ©ennes avec ses copines ne lui plait guerre. Pas plus que les rumeurs sur un Ă©ventuel avortement d’ailleurs. OpposĂ©es en tout point les deux reines ne seraient toujours pas parvenues Ă  une entente cordiale aujourd’ HasvryĂ  lire aussi La royautĂ© Ă  la loupe le mariage de Meghan Markle et du prince Harry La royautĂ© Ă  la loupe le mariage de Kate Middleton et du prince William
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Le5 octobre 1789, Ă  Paris, quelques milliers de femmes mĂ©contentes de la chertĂ© de la vie et de la disette se rendent Ă  Versailles pour se plaindre de leur sort auprĂšs du roi Louis XVI. La manifestation dĂ©rape dans la violence et le roi se voit obligĂ© de quitter Versailles avec sa famille et suivre ses persĂ©cutrices jusqu'Ă  Paris. Le roi rit dans les houx, hou houC'est lĂ  qu'il joue aux cartesEn mangeant de la tarteEt buvant du vin doux, hou la reine le voit, ha haEt brise sa couronneAvec une anĂ©moneOn est roi ou pas roi ha haC'est un oiseau jaloux, coucou Qui a contĂ© l'afaireÀ la forĂȘt entiĂšreEt la redit partout, coucou - coucou - coucouMelchior et Balthazar sont venus d'Afrique, sont venus d'AfriqueMelchior et Balthazar sont venus d'Afrique avec le roi GaspardEt ils vont nous apporter une bonne galette, une bonne galetteEt ils nous ont apportĂ©s une bonne galette que nous allons mangerJe suis la galette, la galette,Je suis faite avec le blĂ© ramassĂ© dans le grenierOn m'a mise Ă  refroidir mais j'ai mieux aimĂ© courirAttrape moi si tu peuxLa galette est prĂ©parĂ©e, cuite Ă  point et bien dorĂ©ePrĂšs de la table dressĂ©e les enfants sont lĂ Qui sera la reineQui sera le roiEst-ce toiEst-ce moiLa galette est partagĂ©e, les convives dĂ©signĂ©sMais la fĂšve est bien cachĂ©e! Qui la trouvera
Auloin la guerre civile fait rage, mais le sexe et la mort dĂ©vorent le Roi et sa Reine. Journaliste anarchiste, devenu cĂ©lĂšbre trĂšs jeune pour ses prises de position contre les injustices, Ramon Sender (1901-1982) a Ă©tĂ© marquĂ© Ă  vie par la guerre civile espagnole, oĂč il a perdu sa femme et son frĂšre, abattus par les franquistes.
La reine mĂšre Élisabeth rend visite aux enfants des quartiers populaires de Londres pendant les bombardements en 1940. Ho New/Reuters Bien sĂ»r, au premier coup d'oeil, le clichĂ© est troublant. Consternant mĂȘme. En couverture du quotidien The Sun, la duchesse d'York, future reine consort Élisabeth, ses filles Élizabeth et Margaret, encouragĂ©es par le prince de Galles, futur Édouard VIII, font le salut nazi. Et la photographie, de mĂ©diocre qualitĂ©, s'accompagne de ce titre racoleur Their Royal Heilnesses Leurs Heiltesses Royales. Un mĂ©chant jeu de mots substituant le "Al" d'altesses au "Heil" du salut hitlĂ©rien. L'image est tirĂ©e d'un petit film de 17 secondes, tournĂ© devant le manoir de Birkhall, sur le domaine royal de Balmoral, en 1933, probablement par le futur George VI. À y regarder de plus prĂšs, il est clair que la duchesse d'York et les princesses, 6 et 3 ans, qui trĂ©pignent et sautent de joie, se livrent Ă  une parodie. Et il convient de replacer la scĂšne dans son contexte historique. À cette Ă©poque, le parti national-socialiste vient de remporter les Ă©lections lĂ©gislatives, et Adolf Hitler accĂšde, dĂ©mocratiquement, au poste de chancelier de la rĂ©publique de Weimar. Sur la pellicule, Élisabeth et ses filles se moquent probablement des rodomontades du nouveau leader nazi, comme le feront Charlie Chaplin, en 1940, dans Le dictateur, et Ernst Lubitsch, en 1942, dans To Be or Not to Be. Personne, ou presque, ne veut alors envisager la guerre. La jeune duchesse Élisabeth, qui a perdu son frĂšre Fergus Ă  la bataille de Loos, en 1915, moins encore qu'une autre. Devenue reine au cĂŽtĂ© de George VI, en dĂ©cembre 1936, elle saura pourtant s'y prĂ©parer avec courage et abnĂ©gation. Pour combattre son ennemi, il faut le connaĂźtre. Elle se procure une version intĂ©grale du Mein Kampf d'Hitler, et pas l'Ă©dition expurgĂ©e des thĂšses antijuives qui circule alors au Royaume-Uni. Elle analyse l'ouvrage dont elle fait parvenir un exemplaire Ă  lord Halifax, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, en lui recommandant de ne pas trop s'y attarder "Sinon, vous allez devenir fou, ce qui serait dommage. Le feuilleter suffit Ă  donner une bonne idĂ©e de sa mentalitĂ©, de son ignorance et de son Ă©vidente sincĂ©ritĂ©." MalgrĂ© les bombardements, Élisabeth refuse de quitter LondresÉlisabeth est auprĂšs de George VI, le 3 septembre 1939, devant le poste de radio, quand Neville Chamberlain annonce l'entrĂ©e en guerre du Royaume-Uni. "Je n'ai pu empĂȘcher mes larmes de couler, mais nous comprenions tous les deux que c'Ă©tait inĂ©vitable, que si nous voulions que la libertĂ© demeure dans notre monde, nous devions affronter la cruelle foi nazie, nous dĂ©barrasser de ce cauchemar continu... Pendant que tout cela nous venait Ă  l'esprit, soudain l'horrible hurlement des sirĂšnes d'alarme se fit entendre. Nous nous sommes regardĂ©s le roi et moi, disant ça ne peut pas ĂȘtre ça, mais si, ça l'Ă©tait, et le coeur battant nous sommes descendus dans l'abri, au sous-sol. MĂ©dusĂ©s, horrifiĂ©s, nous avons attendu que tombent les bombes." Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1€ sans engagement La tempĂȘte de feu de la Luftwaffe mettra encore une annĂ©e avant de s'abattre sur Londres. Mais le terrible Blitz, qui durera de septembre 1940 Ă  mai 1941, dĂ©vastera alors la capitale. Les quartiers populaires de l'Est, le palais de Westminster, la cathĂ©drale Saint-Paul et mĂȘme la chapelle de "ce cher vieux Buckingham" sont touchĂ©s. Mais cette derniĂšre attaque, loin d'abattre la reine Élisabeth, renforce encore sa dĂ©termination "Finalement, je suis assez contente, maintenant je peux regarder les gens de l'East End en face." Et quand les officiels lui conseillent de mettre ses filles Ă  l'abri, loin du danger, elle rĂ©pond impassible "Les enfants ne partiront pas sans moi. Il m'est impossible de laisser le roi. Et le roi ne partira jamais !" Élisabeth, la reine mĂšre, et Sir Winston New/ReutersPlus les bombardements s'intensifient, plus la reine s'active. Aux enfants rescapĂ©s du bombardement d'une Ă©cole, elle distribue les bananes rapportĂ©es de Casablanca, par lord Mountbatten, pour ses propres filles. "La vue de ces petits visages, si mignons, torturĂ©s pour les besoins de propagande nazie, m'a rendue plus dĂ©terminĂ©e que jamais Ă  dĂ©truire ces Ă©pouvantables Boches. Je grince des dents de rage." VĂȘtue de tons beige clair, rose poudrĂ© ou bleu lavande, son "arc-en-ciel de l'espoir", jamais de noir jugĂ© trop dĂ©faitiste et anxiogĂšne, elle sillonne les villes et les faubourgs dĂ©vastĂ©s. Toujours souriante, pleine d'espoir et de courage. À sa soeur Mary, lady Elphinstone, elle avoue pourtant "J'ai toujours aussi peur des bombes et des canons qu'au dĂ©but. Je deviens rouge brique et mon coeur bat, en fait je suis une lĂąche, mais comme je suis sĂ»re qu'un tas de gens le sont, ça m'est Ă©gal ! Bon, chĂ©rie, je dois arrĂȘter... et Ă  bas les nazis !" Mais son combat psychologique fonctionne. Au point d'anĂ©antir les effets de la campagne de dĂ©moralisation orchestrĂ©e par l'ennemi. Pour Hitler, qui en perd le sommeil, elle est devenue, dĂšs 1942, "la tĂȘte Ă  abattre". Et de son propre aveu "La femme la plus dangereuse d'Europe !" "Plus dĂ©terminĂ©e que jamais Ă  dĂ©truire ces Ă©pouvantables Boches !" Mariage de la princesse Elizabeth, future reine Elizabeth II, et Philip Mountbatten -en tenue d'officier de la Royal Navy britannique- le 20 novembre "sang allemand" du prince Philip À la suite des "rĂ©vĂ©lations" du journal The Sun, plusieurs mĂ©dias britanniques s'engouffrent dans la polĂ©mique en rappelant les origines allemandes du duc d'Édimbourg. Le prince Philip, qui s'est distinguĂ© dans la Royal Navy durant la Seconde Guerre mondiale, est effectivement le fils de la princesse AndrĂ© de GrĂšce et de Danemark, nĂ©e Alice von Battenberg. Seulement voilĂ , la mĂšre du futur duc d'Édimbourg, loin de collaborer avec ses "compatriotes" aprĂšs l'invasion de la GrĂšce par les forces de l'Axe, en 1941, va se consacrer sans relĂąche au secours des AthĂ©niens, comme infirmiĂšre et mĂȘme cantiniĂšre. Quand les rafles dĂ©buteront, conduisant Ă  la dĂ©portation de 60 000 des 75 000 Juifs de la capitale, elle cachera Ă  son domicile madame Rachel Cohen et deux de ses cinq enfants. Disparue en 1969, la princesse a Ă©tĂ© honorĂ©e par le ComitĂ© Yad Vashem du titre de "Juste parmi les nations". Elle repose au couvent Sainte-Marie-Madeleine de JĂ©rusalem, sur le mont des oliviers. Les plus lus OpinionsTribunePar Carlo Ratti*ChroniquePar Antoine BuĂ©no*ChroniqueJean-Laurent Cassely
Leroi Felipe change le nom en reine Letizia lors de la remise des prix nationaux de la recherche 2018. aoĂ»t 26, 2022 par Alexandre Potins de stars. Lors de la cĂ©rĂ©monie de remise des prix Prix nationaux de la recherche 2018, qui a eu lieu au Palais d’El Pardo, Felipe VI a jouĂ© dans un moment anecdotique devenu viral sur les rĂ©seaux sociaux. AprĂšs avoir accueilli les

Ernest Normand Vasthi Deposed Au temps d'AssuĂ©rus, Vasti est la reine. Alors que le roi organise une royale fĂȘte, la reine Vasti festoie au palais. Et voila le roi qui la convoque pour faire admirer sa beautĂ©. Celle-ci refuse de venir, le roi entre dans un colĂšre jaune. Une lecture hĂątive du texte, fait de Vasti la femme du roi. Or il n'en est rien. D'abord le texte ne le dit pas. Et ensuite tous les Ă©lĂ©ments dissĂ©minĂ©s dans le chapitre 1 du Livre d'Esther amĂšne Ă  conclure que Vasti n'est pas la femme mais la mĂšre du roi AssuĂ©rus enfant. Cette perspective nouvelle Ă©claire sous un nouveau jour le Livre d'Esther qui n'a plus de contenance historique pour devenir un conte psychologique qui illustre les ressorts de l'Ăąme humaine. L'expulsion de la reine est ainsi une allĂ©gorie de l'Oedipe et le rĂ©cit celui de la construction de l'altĂ©ritĂ© Ainsi quand le conseiller dit au roi - image de la loi qui pose l'interdit - "tu en Ă©pouseras une plus jeune et plus belle plus tard", il s'adresse Ă  l'enfant qui doit renoncer Ă  sa mĂšre. Quand le roi est dans ses fĂȘtes, Toute Puissance, Omnipotence, absence de limite, caractĂ©ristiques du narcissisme primaire des premiers Ăąges de la vie. Que la Toute-Puissance soit toujours associĂ©e Ă  une jouissance sans limite dĂ©coule Ă  l’évidence du fait que si un quelconque obstacle venait Ă  limiter la jouissance, alors il ne saurait y avoir de toute- puissance. De la mĂȘme façon, l’autre n’existe pas ici, pour la simple raison que l’autre dĂ©finirait une limite, c’est pourquoi il est dit Je suis Ă  la tĂȘte de nombreuses nations et ma puissance s’étend sur la terre entiĂšre. Ce qui montre bien que s’il y a des nations que le roi ne domine pas, c’est que ces nations n’existent pas ! Nous sommes dans une bulle. Une bulle de plaisir. Quoi, comment ? VoilĂ  que le roi, tout Ă  son plaisir se trouve soudain dĂ©sirer que la reine vienne Ă  lui et elle refuse, elle se refuse Ă  sa volontĂ© ! Mais c’est qu’il nous fait une grosse colĂšre en plus ! Cette scĂšne, c’est l’absence de la mĂšre, la frustration, le fort-da de Freud. Ce qui se passe ici, chez le petit Roi AssuĂ©rus, c’est la premiĂšre prise de conscience de l’altĂ©ritĂ© si la reine n’est pas lĂ , c’est qu’elle est ailleurs ! , si elle est ailleurs, c’est qu’il existe un monde extĂ©rieur dans lequel le roi n’est pas. Si elle se refuse Ă  sa volontĂ©, c’est qu’il n’est pas tout puissant ! C’est qu’une autre volontĂ© peut s’opposer Ă  la sienne ! Ainsi si le roi se met en colĂšre, c’est Ă  cause du manque. Mais ce manque, ce n’est pas le manque de l’autre, ce n’est pas la mĂšre, parce qu’absente, qui lui manque. C’est bien parce qu’il ne peut pas montrer Ă  ses invitĂ©s combien la reine est belle, qu’il est souffrant. Le manque c’est la prise de conscience que la Toute-Puissance n’est pas Toute-Puissante. C’est la prise de conscience que le plaisir n’est pas sans limite, c’est la prise de conscience que le monde ne tourne pas entiĂšrement autour du roi. Le roi vient de rentrer dans la rĂ©alitĂ©. Ainsi la castration, c’est-Ă -dire la perte du pĂ©nis, c’est d’abord la perte de la toute puissance et ensuite l'exclusion de la part fĂ©minine. Lorsqu'il reste une part narcissique de la toute puissance, celle-ci est blessĂ©e par l'apparition de l'autre. Nous dĂ©couvrons lĂ  deux caractĂ©ristiques de l’Autre il est absent et il blesse la toute-puissance lorsque cette absence devient manifeste. Il faut dire alors que l'autre apparait en tant qu'absent et que tout sera fait pour que cette absence ne soit pas manifeste. Noter que la Reine Vasti est punie, qu'elle est dĂ©clarĂ©e coupable, qu'elle est chassĂ©e du palais, les rabbins disent qu'elle est simplement exĂ©cutĂ©e.

EtvoilĂ  le roi et la reine - Ecole Primaire Roi et reine d'un jour Comme le veut la tradition, nous avons tirĂ© les rois en dĂ©gustant la galette que nous avions prĂ©parĂ©e la veille. Jules et () Ecole Primaire Les Bords de Meuse > Jehanne la Pucelle et le roi Charles VII - Anecdote 4 juin 2007 0904, par Jean-Pierre Bernard Bonjour GĂ©rard. Tout d’abord, je veux vous remercier de l’intĂ©rĂȘt portĂ© aux articles que je propose sur ce site. Pour vous rĂ©pondre, je dis tout d’abord que non je ne voulais pas Ă©crire l’inverse ! Je dis bien que Jehanne est appelĂ©e Ă  tort "Jeanne d’Arc" ! Car elle n’est pas citĂ©e sous ce nom dans les textes et publications anciennes que l’on peut rencontrer, mais toujours sous "Jehanne" ou "Jehanne la Pucelle". MĂȘme lorsque Charles VII lui octroie son brevet lui attribuant son blason et ses armes elle est citĂ©e sous ce nom. Pourtant, si elle s’était appelĂ©e d’Arc, cela aurait Ă©tĂ© le moment de le dire ! L’appelation "la Pucelle" pourrait se traduire par "demoiselle". Cela n’impliquait pas une virginitĂ©, mais simplement qu’elle n’était pas mariĂ©e. Plus tard, lorsqu’elle rĂ©apparaĂźtra que l’on soit partisan ou non de sa survie on prĂ©cisera "Jehanne des Armoises" ou "la dame des Armoises" et pas d’Arc. Je ne donne pas de renseignements contraires dans le passage que vous citez, lorsque je dis que "les d’Arc ont Ă©levĂ© cinq enfants"... je dis "Ă©levĂ© cinq enfants", mais je ne dis pas qu’ils ont eu cinq enfants "issus d’eux" ! C’est Ă©tabli que Jacques ou Jaquot "d’Ars" et Isabelle de Vouthon, dite "RomĂ©e" ont Ă©levĂ© cette petite fille qui sera vouĂ©e Ă  un destin hors du commun. Ils l’ont Ă©levĂ©e, oui, mais cela n’enlĂšve rien Ă  l’hypothĂšse qu’elle aurait Ă©tĂ© une fille de la reine Isabeau de BaviĂšre et du duc Louis d’OrlĂ©ans, son beau-frĂšre. Dans ses procĂšs condamnation et rĂ©habilitation on ne la nomme pas "d’Arc" non plus, mais seulement Jehanne. Quoi qu’il en soit, c’était une fille exceptionnelle, et c’est elle qui a initiĂ© le grand mouvement de reconquĂȘte du royaume par le roi Charles VII, qui ne l’a d’ailleurs pas aidĂ©e lorsqu’elle a voulu continuer le combat, alors qu’il voulait des voies diplomatiques plutĂŽt, et l’a alors "laissĂ© tomber". Pour revenir au nom, il faut prĂ©ciser aussi que les patronymes n’étaient pas encore vraiment fixĂ©s Ă  cette Ă©poque. Les filles prenaient parfois le nom de leur mĂšre et pas de leur pĂšre. Les gens avaient un prĂ©nom, et un sobriquet ou une particularitĂ© physique ou autre mĂ©tier... s’y ajoutait. Par exemple Pierre le Roux couleur des cheveux, mais le fils pouvait se nommer Jean le MaĂźtre s’il Ă©tait par exemple maĂźtre artisan. Les "frĂšres" de Jehanne, du moins Jehan et Pierre, se nommĂšrent ensuite "du Lis", et un descendant ou collatĂ©ral de cette famille prendra mĂȘme le nom de "de la Pucelle", pour marquer son appartenance avec cette famille. A ses procĂšs, Jehanne dira elle-mĂȘme que dans son pays on la connaissait sous le nom de "Jehannette". Si elle s’était appelĂ©e "d’Arc", elle l’aurait au moins prĂ©cisĂ©e Ă  ce moment-lĂ . Certains historiens "non officiels" prĂ©cisent mĂȘme que si elle est dite parfois "la Pucelle d’OrlĂ©ans" dans certains textes, c’est qu’elle Ă©tait "une demoiselle de la famille d’OrlĂ©ans", non parce qu’elle avait dĂ©livrĂ© la ville d’OrlĂ©ans, mais parce qu’elle appartenait effectivement Ă  cette famille d’OrlĂ©ans, famille du roi de France, dont l’un des fils Ă©tait titulaire du duchĂ© d’OrlĂ©ans. VoilĂ  pour aujourd’hui ce que je peux dire, en espĂ©rant vous avoir quelque peu satisfait sur ce sujet. Cordialement. Jean-Pierre BernardRĂ©pondre Ă  ce message LeJeu des Rois et Reines, GrĂ©gory Kirszbaum, Alex Sanders, Gallimard jeunesse. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de rĂ©duction .
La reine-sultane Louis XIV, le Roi-Soleil» Voir les Chroniques d' Évadez-vous avec Les Chroniques d' 100 000 amateurs d'Histoire, recevez tous les dimanches notre lettre Ă©lectronique rĂ©cits, actualitĂ©s, anniversaires, devinettes inscription gratuite.DĂ©couvrez toutes nos lettres dĂ©jĂ  parues. En savoir plus Devinette Quel but poursuivit Charles Quint en soumettant Ă  la DiĂšte la profession de foi de Luther ? ActualitĂ©s de l'Histoire Revue de presse et anniversaires Histoire & multimĂ©dia vidĂ©os, podcasts, animations Galerie d'images un rĂ©gal pour les yeux RĂ©trospectives 2005, 2008, 2011, 2015... L'AntiquitĂ© classique en 36 cartes animĂ©es Frise des personnages Une exclusivitĂ©
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  • et voila le roi et la reine